A couteaux tirés (Knives Out) de Rian Johnson (2019)
Rian Johnson s'est il perdu en allant se fourvoyer avec les jedis? Avant d'aller contribuer à enterrer une franchise transformée en doudou nostalgique par Disney, Johnson est le réalisateur de deux très bonnes pépites.
D'abord le trop méconnu et sous-estimé Brick, qui reprenait les codes du polar pour les fondre dans l'univers du film teenage, avec dans le rôle principal un Joseph Gordon Levitt on fire depuis que son talent a explosé chez Araki.
Puis ensuite, le réalisateur retrouve Joseph Gordon Levitt accompagné de Bruce Willis (dans son dernier bon rôle) dans le thriller de SF Looper, qui le révélera et lui ouvrira sûrement les portes d'Hollywood.

Le passage sur Star Wars ne sera pas une franche réussite (qu'on laisse mourir la franchise) et semble avoir laissé quelques traces.
Knives Out est une espèce d'adaptation live de Cluedo, le film ne s'en cache d'ailleurs pas puisqu'il l'avoue un peu plus qu'à demi mot de la bouche même d'un de ses personnages. Un exercice de style en équilibre instable entre vrai Sherlock Holmes like et pastiche roublard avec ses personnages volontairement caricaturaux, qui en font des caisses. Et surtout avec son casting composés de second couteaux de luxe : Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Michael Shannon, Chris Evans (bien plus crédible ici qu'en Captain America), Toni Collette... Et un Daniel Craig à contre emploi (mais dont le cabotinage n'est peut être pas sa plus grande qualité). Un casting de l'amour qui fait beaucoup pour la sympathie d'un film divertissant mais trop gentil, l'ensemble manque de cruauté, de folie et malgré les rebondissements écrits par Johnson, ne réussit pas à dépasser le stade du truc agréable à regarder mais qui s'oublie vite.
(3,5/6)

The Wonder de Sebastiàn Lelio (2022)
La toujours brillante Florence Pugh incarne une jeune infirmière dépêché par un comité pour observer ce qui ressemble à un miracle : en pleine famine, une gamine affirme qu'elle n'a pas mangé depuis 4 mois et elle se porte comme un charme. On s'attend donc à un film qui joue sur l'ambiguïté entre surnaturel et mystification et c'est le cas au départ.

Mais très vite, on nous révèle le pot au rose et le film se transforme alors en pamphlet anti-bigotrie. Moi j'ai rien contre mais c'est un autre exercice, avec ses propres codes et ici, c'est traité de façon un peu lourde, malgré une mise en scène soignée.
Et puis le film bifurque encore dans un dernier acte qui joue la carte de l'émotion mais qui peine à atteindre son but.
(2,5/6)

Un acteur excellent, aussi bien chez Tarantino que dans L'Armée des douze singes (sans oublier ce film dont tout le monde connait le twist...).

Voilà.

Jeepers Creepers : Origin (2022) de Timo Voruensola

Pendant les 10 premières minutes, je me suis demandé si ma bibliothèque multimédia m'avait lancé le bon film. Une sensation année 80' dans le cadrage et un je ne sais quoi de "pan et scan". Passé ce moment, et malgré la progression du film avec de bonnes idées (la fête costumée, le culte autour de la créature, le scepticisme de la protagoniste...), le constat est là : Jeepers Creepers : Origin est une chiasse infâme d'un autre temps.
La photographie est merdique, les acteurs mauvais, les SFX au rabais au point qu'une des scènes finales pue tellement le fond vert qu'on arrive à voir le détourage dégueulasse des figurants et la créature...bâclée. On nous balance le streum' dès le début, zéro ambiance, zéro suspens. Le nanar gore de base des années 80'.
Cerise de pus sur le gâteau au caca : le réal' salope le Lore comme un dément salope le mur de sa chambre avec ses excréments et balance des remarques "méta" sur la gogolerie des amateurs de films gore.
C'est pas malin mec, c'est ton public.

De la merde/6

C'est pas bien de se moquer. Il fallait bien sûr comprend Bruce Willis (la fatigue m'a fait confondre les deux... ça commence par un B aussi).

The Slumber Party Massacre d'Amy Holden Jones
On est très clairement face à un slasher 80's hyper routinier, et avec la patine de son époque (notamment dans une BO qui sonne très Bontempi). Et on est d'autant plus étonné de voir que le film est écrit et réalisé par des femmes, et que leur volonté était de faire quelque chose de féministe et vaguement parodique. Parce que le film racole sévère, dès les premières minutes. Il y a du plan nichon, du plan culotte, de la scène de douche, c'est clairement pas MeToo, et c'et à peine si le film prend l'excuse du personnage voyeur pour introduire ça. La caractérsation des perso ne fait pas mieux, et j'ai du mal à voir le féminisme qu'il y a à dépeindre des lycéennes ayant... ben un comportement de lycéennes typiques. Le bodycount et le gore ne rattrape pas plus les choses, ça reste assez mal amené, et le tueur, malgré ses faux airs d'Udo Kier, est assez risible.
Je veux bien que le slasher ait été le genre qui marche dans les annés 80, qu'un truc aussi moyen-bof ait pu avoir 2 suites et un remake, ça me dépasse.

Au Hasard Balthazar de Robert Bresson
Je ne connais pas le cinéma de Bresson, mais je retrouve ce que j'en ai entendu: l'ambition naturaliste, filmer le réel à nu. Et il y a ça dans ...Balthazar, qui est moins un film sur la vie d'un âne qu'un film choral sur toute une galerie de personnages gravitant autour de l'âne. La gamine trop gentil, son amour perdu, l'instit trop fier bouffé par les jalousies, l'ermite alcoolo sur lequel traine les pires racontars, les jeunes en mobylettes qui font des conneries pour tromper l'ennui, le vieil avare mesquin, c'est tout un portrait pas très reluisant de la ruralité française des années 50-60 qui nous ait fait, et dont Balthazar, animal de travail mais aussi objet d'empathie, n'est que le réceptacle. On se demande parfois où le film veut en venir, mais c'est plutôt réussi, malgré ce défaut quasi-rédhibitoire: C'est foutrement mal joué, les acteurs amateurs balançant leurs lignes de dialogue avec un manque de naturel total.
Mais c'est à voir quand même, hein.

Le Menu de Mark Mylod

Bien emballé par la bande-annonce, le film annonce la couleur : jolie photographie, bons acteurs, ambiance à couper au couteau et malaise palpable lors du "déraillement". Maiiiiis malgré pas mal de bons points, le truc se casse la gueule en raison d'un trop plein de grotesqueries et d'invraisemblance. Le motif du pétage de plomb du Chef est...douteux. Tout comme la clique qu'il parvient à embrigader et la logistique complexe pour mener à bien sa "mission" fatale.
Le côté Haute Cuisine est par contre bien exploité en étant parfois gentiment moqué. (le pain sans pain )
Au final, un message très convenu et cliché sur les "méchants riches qui corrompent et les gentils pauvres plein de pureté".

3/6

PS : encore un film frappé du syndrome "Quatrième Dimension", ou comment étirer un pitch et son twist sur 1H50 alors qu'en 45mn c'était plié et tout aussi percutant.

White Noise de Noah Baumbach (2022)

Je déteste le post modernisme, ça m'emmerde profondément, de la branlette intello arty. Sans surprise, cette adaptation de Don Delillo est bavarde, prétentieuse et creuse. Et je ne comprends toujours pas la réputation de Adam Driver.
(1,5/6)

Haha merde il me tentait celui la, l'affiche était sympa.

Tu sens que Cosmopolis, c'était pareil mais t'avais Cronenberg et Pattinson pour réussir à donner un minimum d'intérêt au truc. Là, entre Adam Driver qui joue (plus ou moins volontairement) comme une savate et des personnages qui parlent comme dans une conférence de philo sponsorisée par Télérama... Ce calvaire.

Ayant déjà détesté Cosmopolis...

Driver était très bien dans le précédent par contre.

Glass Onion : A Knives Out Mystery (2022) de Rian Johnson

Était-il vraiment nécessaire de faire une suite à un truc sympa à regarder mais pas ouf non plus? Knives Out ayant plutôt bien fonctionné, Netflix a mis le grappin sur le filon et déboursé un demi-million pour acheter deux suites (autant dire que vous n'avez pas fini de voir vos séries préférées annulées). Rian Johnson rempile donc et tente de reproduire la formule... en oubliant ce qui faisait que le premier film tenait la route (de façon déjà précaire).
Ici, rien ne fonctionne ou presque, le casting est totalement osef et n'a pas le capital sympathie du premier, les personnages sont caricaturaux dans le mauvais sens (ils sont surtout pas écrit du tout), les tentatives d'humour sont foirées (j'ai du rire une fois : quand Craig se met du produit dans les yeux pour pleurer) et l'ensemble est plus premier degré. Ça dure 2h20 quand même et ça ressemble à un vague décalque du premier, l'inspiration en moins.
(2,5/6)

Les Vierges de Satan de Terence Fisher
Un des grands classiques de la Hammer, un des meilleurs film de la firme, ça fait toujours plaisir à voir ou à revoir. Alors, les esprits chagrin trouverons que les effets spéciaux sont cheaps et ont mal vieilli, que la représentation de rites sataniques est un peu naïve ( l'auteur du roman original, Dennis Yates Wheatley, avait pourtant la réputation de s'y connaitre un peu), ou, et c'est plus génant, s'étonner de voir la maison Hammer donner un fond de morale catho au final de son film. Mais tout ça n'enlève rien aux qualités de celui-ci. Parce que c'est mené tambour battant, avec des actions variés (Course-poursuite en bagnoles! Bataille psychique!), et puis merde, qui d'autre que Christopher Lee pour incarner un aristocrate maître en sciences occultes? Bref, z'avez pas le choix: c'est super.

Starbuck de Ken Scott
Je n'ai pas vu le remake français avec José Garcia, mais je doute qui soit au niveau de l'original. Parce que je retrouva dans Starbuck ce truc en plus qu'on en commun la majorité des productions québecoises que j'ai pu voir depuis la petite claque C.R.A.Z.Y: La même finesse d'écriture, la même sensibilité sans sensiblerie, la même tendresse pour ses personnages, la même douce mélancolie qu'on sent poindre jusque dans des scènes d'un humour corrosif. Il y a tout ça dans Starbuck, et même si on peut chipoter sur quelques détails pas tip-top, on ne peut que s'attacher à cet ado attardé qui apprend tardivement à devenir adulte. En plus, le filmage, sans être fou, réserve une belle colorimétrie, un bel étalonnage qui met en valeur des touches de rouge qui, pour faire de l'analyse ciné façon enculage de mouches, corresponde aux difficultés et aux emmerdes du personnage (et spoiler: ça finit bien, c'est pour ça qu'il n'y a quasi pas de rouge à l'écran à la fin)

Je l'avais vu il y a un moment.
Mon avis de l'époque:

The Devil Rides Out. Terence Fisher. 1968.

Une production Hammer, Fisher aux commandes, le tout au service d'une incursion dans l'occultisme basée sur l’œuvre de Dennis Wheatley?
Des pactes avec le diable ont déjà été signés sur des bases moins alléchantes.
Bon, y trouvons-nous des effets spéciaux un peu rococos et quelques passages au rendu plus cocasse qu'effrayant? Cela serait mentir de prétendre le contraire. Néanmoins, ces points relativement regrettables sont plus que compensés par la prestation impériale d'un Christopher Lee se battant cette fois du côté du bien.
Plus remarquable encore, Fisher fait parler son métier et parvient à transcender les côtés les plus camp de son récit, quitte à en jouer pour mieux ajouter une tonalité de grotesque inquiétant à l'esprit déjà sinistre habitant tout le projet.
Face à Lee, nous trouvons un Charles Gray (ressemblant plus que jamais à un croisement entre Rutger Hauer et Jacques Martin) toujours aussi appréciable en méchant absolument imperméable à toute forme de moralité.
A ce titre, l'imperturbable flegme avec lequel il dirige une orgie satanique - à peine se permet-il une moue discrètement approbatrice devant les outrances délirantes auxquelles se prêtent les membres de sa congrégation - reste un des grands moments du métrage.
Evidemment, et bien qu'il s'aventure sur un canevas à tout prendre assez proche, The Devil Rides Out ne joue pas dans la même cour que Rendez-vous Avec La Peur, chef d'oeuvre absolu de Tourneur.
Néanmoins, Fisher nous en montre ici assez pour que l'on puisse légitimement regretter que le projet de donner une suite cinématographique aux aventures du Duc de Richleau n'ait jamais abouti.

Blade de Stephen Norrington (1998)

Un pur produit des 90's, souvent oublié au profit de sa suite plus spectaculaire signée Del Toro. Ambiance club indus sur fond de b.o technoïde, anti héros cool et badass qui tabasse avant de parler, méchants incroyablement crétins à l'image de son scénario, incohérences à la pelle, CGI moches... Dis moi que tu as été conçu pendant les 90's sans me le dire. Y'a même Stephen Dorf qui confirme son statut d'acteur de série B le plus sous estimé de son époque et qui volerait presque la vedette à Wesley Snipes. Ça donne un truc incroyablement crétin mais aussi un pur plaisir coupable, fun, décomplexé du slibard, totalement comics dans l'esprit.

La preuve que l'alchimie de ce film n'était pas aussi évidente, le 3 tente de reprendre les mêmes ingrédients en se vautrant lamentablement.

L'opus de Del Toro est évidemment hors concours avec ses chorégraphies de maboul(merci Donnie Yen) et son graphisme à la frazetta.

Stromboli de Roberto Rosselini
un standard du néo-réalisme italien, avec ce mélange de pure fiction et d'une réalité documentaire saisie sur le vif, avec un discours social. Et si la partie fiction a un peu perdue en intensité (alors oui, le perso d'Ingrid Bergman se retrouve dans un bled paumé, peuplé de mecs violents et cons et de vieilles bigotes, mais concrètement, on sort de la guerre et elle a déjà tout perdu, et elle ne fait aucun effort ni pour s'acclimater, ni pour faire évoluer les moeurs locales), la partie documentaire sur la vie insulaire a elle gagné, l'évolution du monde faisant de ces gens et de leur vie des témoignages d'un passé révolu. J'aurais préféré toutefois une fin différente, sans bondieuserie, et l'émancipation du personnage principal, plus en accord avec ce qu'elle est le reste du film...

Prophecy de John Frankenheimer
Frankenheimer, c'est un mec qui a tout fait, touché à tous les genres, tous les styles, et qui s'en ai toujours sorti... Mais là, c'est un peu limite. Prophecy, c'est un film d'attaque animal, genre Les Dents de la Forêt, qui tourne au film de monstre, lorgne sur le fantastique à base de mythologie amérindienne, pour s'avérer être une fable écolo. Et concrètement, ça marche pas mal, et ça m'a pas mal évoqué l'excellent Wolfen sur un thème proche. Le souci, c'est que là où Wolfen jouait habilement avec la suggestion de la présence, Frankenheimer montre un peu plus son monstre. Alors, c'est pas un ratage complet, et sur le papier, l'idée est même très cool. Mais à l'écran, ça ne marche pas vraiment, et les quelques courts plans où on voit la bête en entier font un peu pitié. M'enfin, il parait que Stephen King kiffe ce film... (normal, ça se passe dans le Maine)

Je sais que le monstre de Prophecy n'a pas très bonne réputation, mais perso je l'ai toujours trouvé plutôt flippant avec son aspect à la fois puissant et maladif et avec des scènes assez percutantes et violentes,je le trouve vraiment pas ridicule (notamment lors du final,avec le lac de nuit)

Le film est pas vraiment une réussite mais pas à cause de sa créature je trouve.

Flûte. Le pitch était sympa. Comme celui de Cosmopolis. Film qui d'ailleurs m'a ahuri tellement je m'attendais à quand même quelque chose de plus intéressant. ("je dois aller chez mon coiffeur". Le film se passe, le gars va chez son coiffeur. Fin. )

Repo Men de Miguel Sapochnik
Le pitch SF est pas mal, et offre de quoi s'attendre à un peu de gore et peut-être un critique du capitalisme et de la promesse d'une vie à crédit. Le problème, c'est que le cynisme revendiqué du film tourne à peu près autant à vide que sa représentation d'un futur proche, avant de s'annuler quand le personnage de Jude Law devient victime du système (genre, il ne s'était pas rendu compte avant que c'était de la merde?). A partir de là, on ne sait pas trop sur quel pied danser, si ça se la joue second degré ou si, avec en plus une romance s'invitant dans l'histoire, si il faut prendre ça au sérieux. Si on y ajoute une repompe (en moins bien) de la scène du couloir de Old Boy et un plagiat éhonté du final de Brazil, il ne reste guère qu'une scène aussi couillonne que cool dans l'idée: Celle où Law ouvre Alice Braga pour scanner ses organes, où l'acte chirurgical filmer et monter comme un acte sexuel, un truc à la Cronenberg quoi.

The Terror de Roger Corman
La légende qui entoure le tournage de The Terror est plus intéressante que le film lui-même: Ayant terminé le tournage du Corbeau en avance, Corman se retrouve avec des décors, une équipe technique et ses deux acteurs principaux (le vétéran Boris Karloff et le débutant Jack Nicholson) à disposition. Il rédige donc vite fait un scénario, et durant quatre jours, il va tourner un nouveau film... qui mettre 9 mois à être finaliser, avec des reécritures et des reshoots incessants dirigés par Jack Hill, Monte Hellman, Francis Ford Coppola ou Nicholson lui-même... Le plus étonnant, c'est que malgré ça, le film se tient plutôt bien. C'est pas ni super tenu, ni super original en terme de scénario, mais on est loin d'un truc complètement pété ou une créature de frankenstein cinématographique aux sutures visibles (et je ne dis pas ça que par rapport à Karloff...). Mieux, le film est plus joli visuellement, avec des décors carton-pâtes éclairés à la Bava et un beau soleil californien sur les extérieurs (c'est censé se passé en France, mais bon...)