Les Diables de Ken Russel (1971) avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave. 6/6. Il m'a autant retourné que la première fois.
Film controversé et succès populaire lors de sa sortie (c'est un des films emblématique de son réalisateur) inspiré de l'histoire vraie Des Possédés de Loudun qui a connu de multiple adaptations sous divers formats. (le film est plus particulièrement l'adaptation d'un live d'Aldous Huxley traitant de cette affaire).
http://fr.wikipedia.org/.../Affaire_des ... 9mons_de...

Nous sommes en 1634 Urbain Grandier, curé moderne doublé d'un coureur invétéré, complètement dévoué à sa ville Loudun et aimé par ses habitants (eux mêmes frappé par une épidémie de peste)... Enfin bref ce n'était pas une époque de joie et de bonne humeur... Et Grandier était un des seuls a s'élever contre les principes archaiques (qui a été jusqu'à écrire un traité sur le célibat des prêtres) de l'Eglise et du Cardinal Richelieu bien décidé à faire tomber les remparts de la ville. Un personnage gênant donc qui va être victime d'une horrible machinations qui va entièrement brisé son être et ses idéos.
En effet son arrivé à Loudun déclenche une hystérie totale au couvent, où les bonnes soeurs frustrés et abstinentes voient leur beau curé hanter leurs rêves. Les Sbires de Richelieu vont profiter des affabulations de Soeur Jeanne des Anges, Mère supérieure bossue, complètement aigrie et au bord de la folie accusant Urbain Grandier de l'a possédé. Commence alors pour ce dernier un long chemin de croix dans lequel aucune pitié ni rédemption ne pourra être espéré.

Un film théâtral et révolutionnaire qui dénonce L'état donnant pouvoir quasi absolu aux catholiques extrêmistes; il n'y a jamais eu de procès à proprement parlé car l'accusé n'a jamais été autorisé à se défendre.
Ce qui est vraiment intéressant c'est de constater à quel point Ken Russel s'identifie au personnage D'Urbain Grandier tant lui aussi à dû s'opposer à l'ordre établi, la censure, pour pouvoir mener ses films à bien.
Le rapprochement entre le cinéaste et son personnage est de plus magnifié par l'interprétation d' Oliver Reed, qui nous livre une prestation hallucinante de punching ball humain.
Vanessa Redgrave n'est pas en reste non plus en dévoilant par son personnage toutes les nuances de la folie. Un personnage réellement traumatisant...

Chef d'oeuvre/6

Dispo dans ce beau DVD

DVD ne proposant malheureusement pas la version longue, mais la (les? je ne sais plus) scène(s) censurée(s) est (sont) visible(s) dans le passionnant docu dispo sur le deuxième disque. Et même le livret est cool.

Sinon comme dit sur Facebook, le blu-ray ( que j'ai acheté) à Metaluna propose la version intégrale.

Vu l'absence d'info, ça sent l'édition bootleg, mais une belle édition apparemment. (Y a des sous-titres français?)
Voilà donc tout ce que la Warner y a gagné, à vouloir enterrer ce film.

Vi, bien sûr TOUT ce que je regarde est en vostfr !

Adaptant la célèbre affaire des Possédés de Loudun, en s'inspirant du livre d'Aldous Huxley et la pièce de John Whiting, Ken Russel signe avec « Les Diables » une charge féroce contre l'hypocrisie religieuse.

Au XVIIe siècle, l’abbé Grandier dirige librement sa ville de Loudun, échappant ainsi à l'autorité du roi Louis XIII et de son conseiller Richelieu. Bel homme, hédoniste, séducteur égoïste qui se sert volontiers de la religion comme d'un prétexte, Grandier
suscite les convoitises de toutes les femmes et surtout de sœur Anne, de plus en plus troublée par cette attirance, qui se transforme bientôt en folle jalousie lorsqu'elle apprend que Grandier se serait marié avec une autre. Sombrant de plus en plus dans la folie, le pouvoir royal va profiter de cet incident pour déclarer le couvent posséder et Grandier complice de Satan.

Lorsque la United Artist
commande cette adaptation à Russell, ils ne s’attendaient probablement pas à un tel résultat. On imagine sans mal la tête des gars quand ils ont lu le scénario. Ils abandonneront d'ailleurs leur participation et le film sera repris par la Warner. C'est d'ailleurs presque ce qui est le plus choquant : voir le logo de la Warner Bros accolé au film (qui ne manquera pas cependant de lui faire subir de grosses coupures, allant jusqu’à le classer X, sous la pression de l'Eglise) Il fait dire que Ken Russell n'y va pas de main morte dans sa critique du catholicisme. Et ce n'est pas tant la fameuse scène de l'orgie de nonne (possiblement l'une des scènes les plus mémorables du cinéma, avec ses religieuses qui s’excitent sur la statue de Jésus crucifié ou qui branle un cierge) que par son propos virulent contre l'ordre religieux.

Russell se sert de cette histoire de possession pour y évoquer une société patriarcale, dans laquelle des femmes réduite à la soumission, dans un environnement où le sexe est diabolisé, réprimé, finissent par virer à l’hystérie. Une hystérie provoquée, amplifiée, instrumentalisée par le pouvoir religieux et étatique, main dans la main, autant engoncés dans leur délires et leur certitudes que pris au cœur d'une lutte de pouvoir. Cette hystérie va d'ailleurs se propager à l’ensemble des protagonistes sur la fin, le film sombrant dans un joyeux foutoir aussi décadent que violent, mais toujours teinté d'une ironie féroce.

L'autre point fort du film, c’est bien évidemment ses décors somptueux. En confiant cette tâche à Derek Jarman, Russell confère à son film une dimension presque onirique parfois. La personnalité de Jarman semble d’ailleurs avoir déteint sur l’ensemble du film : Les images sont sublimes, les décors et les scènes grandiloquents (on pense parfois au Salo... » de Pasolini) et le long métrage conserve la dimension théâtrale de son matériau d'origine, tendant souvent vers la symphonie baroque. A ça, s’ajoute les performances incroyables d'Oliver Reed et de Vanessa Redgrave (troublante et inquiétante dans ce rôle de religieuse névrosée), autours desquels gravitent d'autres personnages secondaires non moins savoureux : un Louis XIII efféminé et flamboyant et Michael Gothard en exorciste prenant très à cœur sa mission.

Mais tout ça ferait presque oublier que dans sa seconde partie, le film raconte aussi la rédemption d'un homme, celle de Grandier. S'il cause sa propre perte par son comportement, Russell le réhabilite en en faisant le seul homme honnête au milieu du tumulte : non seulement Grandier assume ses péchés mais son amour pour Madeleine est sincère, autant que sa foi en Dieu désormais. Sa mort, son exécution barbare, le pose dans une figure de martyre de l’obscurantisme religieux . Elle est d'autant plus noble que même sous la torture, il refuse de se compromettre, allant même jusqu’à invectiver la foule qui a transformé ce simulacre de procès en spectacle.

Le seul film politique de Ken Russell est aussi son plus marquant, contribuant encore plus que les autres à la réputation de cinéaste iconoclaste du réalisateur. Film à charge contre l’Eglise et son pouvoir et pourtant film profondément chrétien, comme Russell lui-même, « Les Diables » reste un sommet dans la carrière de son réalisateur, qui n'a rien perdu de sa puissance évocatrice.

Belle critique, doc!
Petite réserve cependant: Je ne vois pas en quoi c'est un film chrétien. La charge anti-religieuse et anti-étatique est telle que je le vois comme une oeuvre libertaire, athée, voire antithéiste.

La trajectoire de Grandier reste quand même très chrétienne, sa rédemption, son amour sincère qui le ramène vers Dieu... Il y a une opposition à la fin entre Grandier, pêcheur qui finit par éprouver une foi sincère et l'Eglise rempli d'hypocrites et d'extrémistes.
Un film anti-clerical, un film contre l'obscurantisme religieux peut être mais je trouve pas que ce soit un film contre la religion en tant que tel. D'autant plus que Russell était converti au catholicisme et que ça transparaît pas mal dans beaucoup de ses films (dans "Altered States" notamment).

Mhh...
Peut-être. je n'ai honnêtement pas un souvenir très frais de chacun des deux films, mais j'ai l'impression que dans chacun, c'est moins le catholiscisme en lui-même que la réappropriation qu'en font chacun des personnages qu'il faut voir. Tout ça n'est que symbole à tordre, et cette réapproriation est a opposer au prosélytisme et au dogmatisme de l'institution religieuse.
Mais la question est intéressante.