Ne Vous Retournez Pas - Nicolas Roeg (1973)
Étrange film. Étrange expérience surtout. Qui s'emploie à déjouer les attentes du spectateurs. A tromper ceux qui penseraient l'intrigue cousue de fil blanc.
Pourtant tout commence de façon assez claire, dans une scène d'introduction magistrale dans sa mise en scène. Un couple, un tragique accident, la mort d'un enfant. Puis le même couple se retrouve à Venise, tente de se reconstruire, mais leur rencontre avec une vieille dame aveugle prétendant communiquer avec les morts va empêcher les plaies de se refermer et conduire à une fin inéluctable.
"
Ne Vous Retournez Pas" est un piège. Lent, trompeur, vénéneux. Tout à la fois drame intimiste sur le deuil, sur le couple, film fantastique, thriller et même giallo... le troisième long-métrage de
Nicolas Roeg brouille les pistes et perd le spectateur dans une Venise fantomatique et labyrinthique, comme le pauvre
John Baxter s'égare.
Roeg filme Venise comme un enchevêtrement de ruelles étroites, de façades décrépites, derrière les fenêtres desquelles un oeil semble toujours vous épier. La ville est peuplée de personnages inquiétants, louches, parfois grotesques, dont le spectateur questionne les intentions, sans savoir à qui se fier.
Mais c'est surtout la réalisation superbe de
Nicolas Roeg qui magnifie l'atmosphère inquiétante et presque onirique qui nimbe le film et qui happe progressivement le spectateur et qui fait de "
Ne Vous Retournez Pas" une oeuvre qui imprime durablement l'esprit et la rétine