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 Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...) 
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Buffalo Kasso
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Message Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Après les succès délirants et quasi ingérables des topics sur les films de guerre et sur les westerns, je me suis dit qu'un petit topic sur les longs métrages d'animation récolterait sans le moindre doute le même tsunami de réactions et de posts de la part des libronautes. :| :mrgreen: :arrow:

Évidemment, j'ai été tenté de créer PLUSIEURS topics (: animation Jap, animation US, etc). Puis la lucidité a parlé: on va pas se mentir, si j'ai déjà 4 réponses, ça sera champagne.
Du coup, on va ratisser large: tout le monde est invité. Et si jamais ça râle et que des manifs sont organisées pour dénoncer cet inacceptable mélange, on avisera. (non)

Ok, commençons donc avec une bonne petite surprise.
J'ai nommé:

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Le Mystères Des Pingouins. Hiroyasu Ishida. 2018.

Plus on avance dans le film, plus le rapprochement, d'inimaginable qu'il était au départ, devient curieusement totalement évident: Penguin Highway n'est rien moins qu'une version "kids friendly" de l'extraordinaire Annihilation sorti en 2018.
Mieux: si Ishida en reprend les vertigineux questionnements métaphysiques, il prête également une attention constante à la caractérisation de tous ses personnages et évite ainsi le côté mortifère et dépersonnalisant du film de Garland; aspect qui, bien que complètement raccord avec le sujet au cœur de ce récit, avait laissé plus d'un spectateur sur le carreau (et plus d'un producteur dubitatif).
Plus inattendu encore: contrairement à l'approche profondément Lovecraftienne animant Annihilation, l'Indicible ne témoigne ici que tendresse et affection envers nous et est de plus doté d'un solide sens de l'humour.
Ishida battrait-il donc Garland sur son propre terrain? C'est prendre le problème par le mauvais bout: il faut plutôt considérer que Penguin Highway et Annihilation sont les deux faces d'une même pièce et se complètent l'un l'autre. L'un a simplement choisi les ténèbres tandis que l'autre a préféré se montrer solaire et optimiste.

En fait, on comprend vite que même si Le Mystère Des Pingouins n'a clairement pas choisi la voie la plus facile, chaque défi rencontré est cependant relevé avec brio, sinon avec panache.
A ce titre, la façon dont est transcendé le cliché du gamin petit génie est tout à fait remarquable: ce personnage, qui aurait été insupportable dans toute autre production, sauvera ici la situation en s'arc-boutant non sur son intelligence froide presque surnaturelle mais sur son humanité dans ce qu'elle a de plus incontrôlable.

Impossible de ne pas mentionner le caractère résolument imprévisible du récit: alors qu'on croit vaguement à une enquête "à la" club des 5 en lançant le film, on s'oriente rapidement vers quelque chose de tout à fait différent, jusqu'à sombrer dans un délire impossible à anticiper. Ainsi, le moment de "basculement" de l'intrigue est géré de main de maître par Ishida, dont c'est pourtant le premier long!
La révélation sur l'origine de la présence des pingouins nous sidère intradiégétiquement - Ishida utilise le vieux truc du magicien: nous focaliser sur sa main droite alors que tout passe par sa main gauche... qui est également devant nos yeux; conséquence: on est hébété devant la surprise - et extradiégétiquement: en terme de mise en images, le déclic, l'arrivée dans la "lumière" passe par un symbole aussi puissant qu'hilarant.

Car oui, une plongée dans un univers inaccessible à la compréhension humaine peut aussi être terriblement drôle: le protagoniste Aoyama prend ainsi le temps, entre deux phénomènes incompréhensibles, de réfléchir au grand mystère que représentent... les nichons. :mrgreen:
On pourrait évidemment prendre cet intérêt comme une irruption un peu vulgaire n'ayant rien à faire dans ce film; d'ailleurs, les distributeurs français sont tombés dans le panneau et ont expurgé la version disponible en salle (et même en montage DVD) de ces allusions.
Mais c'est là commettre une grossière erreur et montrer qu'on n'a pas compris le film.
En effet, Le Mystère Des Pingouins parle avant toute chose d'Humanité. Et quoi de plus humain pour un pré-ado que de s'interroger sur cette merveille naturelle?
Indispensable.

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- Ok, Ok, 'e 'ais 'e 'ater, 'on 'ilm

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Sam Aoû 07, 2021 5:46 pm
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Ghoulies
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Mon cher Vendetta, j'aurai été tenté de te dire que chaque film d'animation aurait mérité son topic attitré, hélas, on ne va pas se voiler la face: les membres de ce forum passionnés d'animation en général sont beaucoup moins nombreux que sur feu le forum Mad :( : ta belle critique de l'excellent Le Mystère des Pingouins n'a pas encore suscité la moindre réaction (mais j'y répondrai ce week end car moi aussi j'ai aimé ce film !) et mon topic consacré au film Tom et Jerry de 2021 a fait un four absolument monstrueux: j'ai été le seul à y participer ! :(

Donc, oui, je pense que tu as eu raison de faire un topic généraliste sur les films d'animation de tout horizon.

Pour ma part, je vais d'abord relayer trois news:

Le quatrième et dernier film de Evangelion Rebuild est ENFIN disponible depuis aujourd'hui sur Amazon Prime ! :D

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Je me remate d'abord les trois premiers long métrages avant de découvrir cet ultime opus cinématographique de la tétralogie de Hideaki Anno !

Quant à Netflix, ils ont mis en ligne le trailer de My Little Pony: Nouvelle génération lançant la G5 et faisant suite à la fabuleuse, inoubliable série animée My Little Pony: Friendship is Magic !

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http://www.youtube.com/watch?v=Pa_PRDVpjSk&t=1s

Ah et j'ai une anecdote sympa à vous raconter: la character designer de ce long métrage est une artiste française ayant pour pseudo Imalou !
Je l'avais rencontré à Japan Expo 2015 où elle m'a vendu une magnifique peinture de Twilight Sparkle ! En plus d'être très talentueuse, elle était vraiment sympa et passionnée.
Et bien non seulement ses fan arts furent très remarqués par le fandom Brony mais aussi par Hasbro qui l'a engage en tant que character designer et directrice d'animation de ce film !
C'est une très belle consécration pour Imalou et j'en suis très content pour elle ! :D

Last but not least, j'ai appris via la page Facebook du journal Animeland que le cinquième film d'animation cinématographique de Slam Dunk sera réalisé par Takehiko Inoue, l'auteur du manga original en personne ! :D
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Ven Aoû 13, 2021 2:34 pm
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Buffalo Kasso
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
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Une réponse, enfin! Praise The Lord! Hallelujah Jésus!

:mrgreen:

Merci Cool Attitude! Je n'y croyais plus!
Blague à part, tu as raison: dans un monde idéal, chaque film d'animation mériterait son propre topic privé.
MAAAAIS les choses étant ce qu'elles sont, on va continuer sur le principe de réunir en un seul thread les discussions sur le sujet en question. Il sera toujours temps de changer notre fusil d'épaule en cas de tsunami de réponses. (ahahahaha) (sad trombone)

Sinon, je suis impatient de lire ton avis sur Le Mystère Des Pingouins.
J'avoue que j'avais lancé le film sans la moindre attente (ni connaissance du contenu) et la surprise n'en avait que plus délectable. :)
Continue à balancer des news comme tu l'as fait ici. Même si je ne connais que de nom les 3 oeuvres d'animation que tu mentionnes, c'est toujours intéressant de voir ce qui bouge en ce moment.

Allez, le film du jour:

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Souvenirs Goutte A Goutte / Omohide Poro Poro / Only Yesterday. Isao Takahata. 1991.

Il est difficile de trouver les mots adéquats pour parler d’une œuvre aussi touchante.
Ceci dit, il existe peut-être une piste, un angle pour tenter d’y voir plus clair : avec Le Tombeau Des Lucioles, son film précédent, Isao Takahata nous montrait d’une manière déchirante toutes les portes que la vie peut fermer devant nous. Avec Souvenirs Goutte A Goutte, il s’attarde sur toutes celles qui sont grandes ouvertes mais que notre entêtement, notre aveuglement, notre indécision - en un mot : notre crainte - nous fait dédaigner. La transition entre ces deux œuvres d’exception, réalisées coup sur coup par le maître, peut surprendre d’un premier abord. A une désespérante plongée dans la nuit sans fin succède un film solaire où le rire abonde. Mais rire ne rime pas forcément avec paix intérieure. Loin de là.
En fait, on comprend rapidement que ce diptyque représente les deux côtés de la même pièce de monnaie. Bien que suivant des chemins opposés, ils ont un sujet commun : l’angoisse existentielle inhérente à notre condition d’être humain. Que faire du temps qui m’a été accordé? Quelles sont mes réelles responsabilités? Puis-je encore revenir en arrière? Tout n’est-il pas déjà joué ? Ai-je pris les bonnes décisions?
Certes, les cartes reçues d’un côté par Seita et Setsuko et de l’autre par Taeko ne sont pas du tout similaires. Mais leur quête est la même.
Et cette sérénité que les protagonistes du Tombeau des Lucioles ont obtenu (en la payant certes au prix ultime), elle n’est jamais garantie à l’héroïne de Souvenirs…, perdue face à ses possibilités.
Takahata jouera d’ailleurs solidement avec nos nerfs en plaçant la réponse finale à nos interrogations dans l'émouvant générique – muet - concluant son film.

Mais ça n’est qu’une illustration de la manière extrêmement travaillée dont la narration s’articule dans Souvenirs…
Si le spectateur a peut-être besoin d’un léger temps d’adaptation pour intégrer l’alternance entre flashes-back et moments actuels et pour commencer à comprendre en quoi les uns répondent aux autres, il est très rapidement emporté par ce maelström de réminiscences qui s’imbriquent avec bien plus de pertinence qu’on ne l’imagine : c’est peu dire que le montage en tant qu’outil scénaristique est un concept parfaitement maîtrisé par Takahata (voir l'extraordinaire insert de coup de base-ball lorsque l'ado Taeko et son amour de jeunesse trouvent finalement le courage de s'adresser l'un à l'autre).

Finalement, Souvenirs Goutte A Goutte rejoint La Colline Aux Coquelicots dans la catégorie des Ghibli trop peu connus, injustement délaissés (voire dédaignés) du grand public.
Comment expliquer cette ombre relative dans laquelle ces deux oeuvres restent cantonnées? Peu importe en fait. On se contentera de déclarer que si on n’y trouve pas la féérie "évidente" d’autres œuvres du fameux studio (que l’on parle de Princesse Mononoke, de Ponyo ou encore du Voyage de Chihiro), on y décèle une magie sans doute plus subtile, plus nuancée. Un émerveillement certes jamais surnaturel - et encore - mais d'autant plus puissant qu'il trouve son origine au coeur même des protagonistes dont on suit le cheminement.
Et c'est lorsque Taeko se décidera enfin à se comporter non plus en témoin mais à se prendre elle-même par la main (littéralement) qu'elle s'accomplira en tant qu'adulte prête à pleinement vivre sa vie. Takahata se sublime dans ce passage capital et utilise non seulement des symboles passant par des faits tangibles (le train retournant vers la ville, le vieux qui réussit in extremis à rentrer dans le wagon de Taeko) mais également une visualisation très touchante du débordement incontrôlable des émotions habitant le coeur de notre héroïne.
Certains considéreront que les gouttes de pluie de souvenirs que Taeko a dû traverser pour enfin s'épanouir n'étaient sans doute pas toutes pertinentes.
Et pourtant, toutes ces aventures, ces joies, ces peines, ces premières fois, ces déceptions, ces victoires, aussi insignifiantes en apparence qu'elles puissent parfois nous apparaître, ont contribué à façonner Taeko et son approche de l'existence.
C'est cet ensemble de 1001 évènements qui l'a fait avancer jusqu'à la découverte de la vérité.
Takahata nous répète ainsi d’une autre manière ce que l’inévitable Terry Pratchett nous explique également dans son Nobliaux et Sorcières (14ème tome de ses célèbres annales du Disque-Monde).

« Parfois, quand on s’intéresse de près aux galets, on comprend l’océan. »


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Comment correctement manger un ananas: un mystère insondable.

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Ven Aoû 13, 2021 11:46 pm
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Wookie
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Message Chouette topic
Porco Rosso (1995)

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<3

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:mrgreen: :cry: :) :P


What else?

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La Revanche du Film (chroniques de films et de séries tévés) - https://larevanchedufilm.fr/


Sam Aoû 14, 2021 12:00 am
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Critters

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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Mon passage préféré est celui où Porco, de retour, survole le restaurant de Gina. La musique d'Hisashi à ce moment-là est sublime.

Et le trailer du film Injustice :


On part plus sur une adaptation du comics (avec un film par année ?) que du jeu vidéo.


Sam Aoû 14, 2021 3:01 pm
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Ghoulies
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
vendetta a écrit:
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Sinon, je suis impatient de lire ton avis sur Le Mystère Des Pingouins.


Comme promis, la voici Vendetta ! :wink:

Ceci dit, il s'agit de la critique que j'avais écrit à l'époque où j'ai vu le film au cinéma et que j'ai sauvegardé. :)
Et bravo encore à toi pour ta brillante analyse de la portée métaphysique du long métrage ! :D
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Le Mystère des Pingouins

Voici un film résolument surprenant, déconcertant, mais également attachant !

Je l'ai personnellement beaucoup aimé, mais il s'est avéré être assez différent de l'idée que je m'en faisais.

Tout d'abord, techniquement parlant, le film est beau... très beau.

Le character design est à la fois joli et expressif, les décors sont très variés et détaillés, et l'animation est excellente et très fluide. A ce titre, les scènes où des centaines de pingouins avancent à toute vitesse sont un véritable joyau.

Les interactions entre les différents personnages sont réussies et vraisemblables, on sent une vraie alchimie entre Aoyama et ses camarades et surtout envers la belle assistante dentaire dont le jeune garçon est amoureux.

Leur relation est par ailleurs assez touchante...

J'ai beaucoup aimé également l'humour du film: les personnages sont très drôles, certaines de leurs expressions sont cocasses et on a parfois quelques bons gags.

J'ai cependant été étonné par l'histoire. Non pas qu'elle soit mauvaise, loin, très loin de là.

Mais le récit ne correspondait pas tout à fait à l'idée que je m'en faisais.

Je m'attendais à voir un film d'animation familial et enfantin (sans être mièvre pour autant) avec une histoire classique mais réussie, et ce ne fut pas tout à fait le cas.

Le scénario est au contraire très complexe et recherché, il est assez métaphysique voire philosophique, et il est capital de suivre attentivement celui ci sous peine de perdre le fil.

Je ne sais pas si je le conseillerai aux plus jeunes, car, si le long métrage n'a rien de violent ou d'érotique, son intrigue pourra sembler nébuleuse pour les plus jeunes.

Je m'en suis bien rendu compte dans la salle, les enfants présents semblaient vraiment déboussolés. Le film est moins accessible par exemple que Wonderland - le royaume sans pluie qui est bien plus familial.

Ceci dit, Le Mystère des Pingouins est infiniment plus enthousiasmant que Les Enfants de la Mer qui souffrait d'un scénario bancal, sans queue ni tête et de protagonistes antipathiques.

Ce n'est fort heureusement pas le cas du Mystère des Pingouins les personnages principaux comme Aoyama et l'assistante dentaire sont au contraire fort sympathiques et attachants, et la trame, bien que complexe, n'est pas incompréhensible pour autant, elle sait entretenir les fausses pistes et les faux semblants et distiller des révélations petit à petit.

J'ai donc beaucoup aimé ce long métrage à la fois intelligent, drôle, mignon, charmant et imprévisible.

Le mystère des Pingouins est assurément le film d'animation le plus original que j'ai vu cette année au cinéma.

Pour ma part, je vous le recommande chaudement car il est plaisant et sort des sentier battus. :)

Edit: Tu as raison Vendetta, la censure du distributeur est honteuse et inadmissible.
HEUREUSEMENT, la version intégrale non censurée est proposée dans l'édition DVD/Blu-Ray collector que j'ai acheté.
Mais dans un premier temps, ils n'auraient jamais ô grand jamais dû censurer ces scènes !


Sam Aoû 14, 2021 7:58 pm
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Leprechaun
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
La Fameuse Invasion des Ours en Sicile de Lorenzo Mattotti (2019)
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Adaptation fidèle d'un conte pour enfant apparemment très connu en Italie, c'est en effet assez enfantin dans dans le ton et dans l'esthétique, même si ça ne se départie pas d'une certaine profondeur propre à toucher le public adulte.
Dans le sujet, déjà, avec ce rapport rousseauiste à l'état sauvage, l'état de nature des ours, à opposer à la corruption de la civilisation humaine, et qui devient dans la seconde partie une réflexion sur le pouvoir. Ce à quoi il faut ajouter la dimension de récit dans le récit, et là, John Ford, Liberty Valance, toussa.
Ensuite dans l'esthétique. C'est superbe. Le dessin ressemble à une sorte de cell-shading avec une texture de crayon gras, et une profondeur rendue par des aplats et des couches superposées, c'est assez unique et original, les paysages sont de véritables tableaux d'art naïf, mais aussi, dans ces représentations immenses au sein desquels se débattent des humains désarticulés, on retrouve un peu de l'esprit du Roi et l'Oiseau de Grimault, et dans cette esthétique particulière, un peu de (ce qu'auprès pu être) Le Voleur et le Cordonnier.

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Dim Aoû 22, 2021 11:00 am
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Message God jerked in America
America, the Motion Picture :

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Produit par... un beau paquet de monde; de chez Georgia notamment... écrit par Dave Callaham (j'vous laisse juger le bonhomme, moi ch'ai pas quoi en penser... ^)

Formellement, ça fait le taf, difficile de trouver gd-chose à reprocher même pour les plus fines bouches d'entre-nous...

... 'fin j'dis ça mais.... ce sont bien les plus fines bouches qui allongeront leur avaloir jusqu'à obtenir un 0 qui leurs permettra de conspuer dans un "- Houuuuuuu....." parfaitement rond la pauvre facilité du propos, à savoir parodier les pères fondateurs des usa.
Irrévérencieux, grossier, gore, mais toujours bien-pensant, il n'y a pas d'autres ambitions à chercher là que celle de voir des sales gosses bas-de-plafond jouer à qui sera plus immodéré qu'un loyer parisien. Les déçus du dernier TSS devront passer leur chemin sous peine d'user leurs derniers flacon de sel en 1h30.

Moi j'ai ri. Une fois. Puis j'ai attendu que le temps passe. Surtout au début. En vrai la mise-en-place est laborieuse, et il m'a fallu ressortir ma vieille rancoeur restée intacte depuis azincourt, pour m'amuser de ces buveurs d'eaux-croupis que d'aucuns appellent encore : des anglais. :evil:


Dis-toi que si la violence ne résout pas tes problèmes,... c'est que t'as pas tapé assez fort. /6

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Mer Sep 08, 2021 8:04 pm
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
J'ai commené à le regarder c'set vrai que le début est laborieux, pas aidé par une animation hideuse, mais dés l'arrivée de Géronimo ça se suit bien. Je me le termine ce soir.


Mer Sep 08, 2021 11:47 pm
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Géronimo, meilleur perso du film, avec Blacksmith (dont le running gag, en vo, concernant le blase/métier m'a fait marrer tellement c'est con. :mrgreen: ).

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Dim Sep 19, 2021 1:13 pm
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Je l'ai terminé il est vrai, mais ça s'essouffle quand même tellement ça tourne en rond au bout de 3/4 d'heure. Me souviens plus de grand choses.


Lun Sep 20, 2021 12:53 am
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Mouais, c'est sympa sans plus America. Il y a tellement à faire dans la critique des USA et les approximations des relectures historiques de certains que le film parait presque timoré dans ses délires et sage dans sa caricature. C'est drôle (l'intro de Géronimo m'a tuée) mais Team America est 15 coudées au-dessus.

Sinon:
Lettre à Momo de Hiroyuki Okiura
Ca m'a un peu évoqué le Souvenir Goutte à Goutte de Ghibli pour se côté "retour à la campagne et à ses racines", mais le métrage s'éloigne de ça pour plonger dans un fantastique folko qui évoque lui Totorro. Le trio de Yokaï est super, à la fois inquiétant et attachant, et le film livre au final un beau récit sur le deuil et le regret. C'est vraiment cool, et comme d'hab, c'est putain de beau.

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Dim Sep 26, 2021 1:58 pm
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
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Ce film d'animation franco-danois, qui a reçu un prix à Annecy, nous narre un épisode de l'enfance de la future Calamity Jane. Celle-ci voyage dans le cadre d'une caravane avec son père, veuf) sa petite soeur et son petit frère. Accusée de vol, elle va partir du convoi pour retrouver les objets volés.

Le film est globalement agréable, notamment grâce au fort caractère de son héroïne et à son évolution, due aux circonstances (la blessure de son père qui lui fait prendre davantage de responsabilités), à des rencontres avec des personnages hostiles (le chef de la caravane et son fils), sympathiques (le sergent) ou oscillant entre les deux, selon les circonstances. Le film est plutôt agréable dans l'ensemble, notamment pour ses très beaux dessins, son humour (souvent enfantin mais pas stupide) et le dynamisme de son héroïne. il manque toutefois un peu de liant, même s'il y a un fil conducteur. Après que Jane ait quitté le convoi, on a du mal à voir à quelle vitesse le temps s'écoule et donc si sa quête est toujours d'actualité. Ca n'empêche cependant pas de suivre les péripéties du film avec plaisir et de s'attacher aux différents personnages.


Lun Oct 18, 2021 5:10 am
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Buffalo Kasso
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
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Millennium Actress. Satoshi Kon. 2001.

"Les humains se croyaient désireux de sortir d'eux-mêmes, et tous les arts qu'ils imaginaient les y faisaient entrer davantage."

Wyrd Sisters, Terry Pratchett.

Au vu de la thématique et, surtout, de l'approche narrative choisie, cela aurait rapidement pu tourner à l'exercice de style trop conscient de lui-même pour être pleinement satisfaisant.
C'est tout l'inverse qui se produit: démontrant en une heure et demie ce que des philosophes mettent parfois une vie entière à tenter (souvent vainement) de nous expliquer, Kon se revendique clairement de l'Ecole selon laquelle le chemin est bien plus important que la destination.

En effet, on a beau répéter de mille manières différentes la même histoire, l'Etoile reste, par nature, inaccessible. Sans doute parce que l'Etoile, c'est nous.

Loin de se montrer abscons, ne cédant jamais à la tentation (qu'on devine pourtant bien présente) de se placer comme supérieur à ses spectateurs, Kon fait le choix courageux de se fier à son humanité pour mieux nous accompagner à travers ce cheminement existentiel.
Oui, c'est désespérément romantique. Oui, cela peut se montrer triste. Oui, c'est parfois extraordinairement drôle. Parce que, mille fois oui, c'est la vie qui prend tous ces chemins.

Jonglant avec une aisance parfaitement confondante entre aspects intradiégétiques et extradiégétiques, Kon dépasse bien vite le style "méta" pour mieux communiquer avec nous. Ainsi, rarement aura-t-on vu appliqué avec une telle maestria le procédé d'intégration de deux personnes à des souvenirs alors qu'elles sont "étrangères" à ceux-ci. Le seul exemple français à venir immédiatement en tête est celui de l'attaque du commissariat dans l'aussi solide sur la forme que discutable sur le fond L'Ordre Et La Morale, de Kassovitz.

Et c'est lorsque l'on comprend que les fonctions de témoin et d'acteur de vie ne prennent sens que lorsqu'elles se répondent l'une l'autre que le chemin s'achève... ou débute.
Grand film.

“Death but entombs the Body ; Life the Soul”

Night Thoughts, Edward Young


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-Euh... Madame? Les flèches, là... elles sont réelles?

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Mar Oct 26, 2021 11:13 pm
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
3 films vus sur le replay de Toonami :

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Il s'agit du premier film d'animation de DC après les séries animées de Bruce Timm. Et c'est une réussite, même s'il faut se faire au design bizarroïde du visage de Superman :

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L'histoire reprend grosso modo celle du comics en la simplifiant puisque le film dure moins d'1h20. De ce fait, il n'y a pas d'autres héros DC et il n'y a qu'une seule version alternative (au lieu de 4) après sa mort. Et cela permet au film de se concentrer sur l'essentiel : la relation Superman-Loïs (les deux sont amants depuis 6 mois au début du film mais Superman ne lui a pas dévoilé son identité secrète, même si elle s'en doute) et l'héroïsme de Sup, en contraste avec son clone fabriqué par un Lex Luthor plus démoniaque que jamais (pauvre Mercy...). Du coup, l'histoire racontée est vraiment intéressante et permet de s'attacher aux personnages qui évoluent eux-mêmes tout au long du film. Les combats sont également dynamiques, pas trop courts ni trop longs. Cela rend d'autant plus critiquables le fait d'avoir fait un remake en 2 (longs) films une dizaine d'années plus tard.

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Je ne suis pas spécialement fan de My hero academia, même si je regarde le dessin animé. J'ai pourtant beaucoup aimé le premier film (et pas du tout le second). Il se passe avant le combat contre All for one, avant qu'All Might ne perde ses pouvoirs. Lui et Midoriya se rendent sur I-Island, une île artificielle sur laquelle travaillent de nombreux scientifiques voulant aider les super-héros, dont David Shield, un vieil ami d'All Might. Ces retrouvailles d'abord joyeuses vont vite dégénrer suite à une prise d'otage.
Avant cela, et c'est un des éléments de la réussite du film, celui-ci prend bien le temps d'installer ses personnages et de les rendre intéressants, notamment David, sincèrement attaché à All Might, le symbole de la paix, et Mélissa, la fille sans alter e celui-ci qui se lie très vite d'amitié avec Midoriya. Quelques-uns des amis de celui-ci sont également présents et contribuent à donner au film une ambiance légère et agréable. Du moins dans un premier temps.
Les choses dérapent ensuite avec une prise d'otage menant aux combats attendus. Le méchant final est puissant mais assez basique. Il fonctionne cependant bien grâce au contraste avec ses alliés aux motivations plus complexes et le combat final est épique, un peu à la manière du dernier film de One piece.


J'ai beaucoup moins apprécié le second film, dans lequel la classe de seconde A sert de héros de remplacement dans une petite île dans laquelle le héros principal est parti à la retraite. Plutôt que de héros, ils servent en fait de bonniche pour tous les habitants, emmenant une grand-mère à l'hôpital, réparant des tracteurs... Les personnages secondaires (2 gosses) ne sont pas intéressants et le méchant et ses alliés sont juste des méchants aux pouvoirs bien bourrins. Le travail d'équipe lors des combats fonctionne bien mais le deux es machina final est trop facile.


Lun Nov 08, 2021 6:12 am
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
Merci pour le doomsday. La dernière version m'a toujours laissé un gout mitigé, limite frustration. J'vais zieuter ça.

un gran Pollice verso à toi !

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Mar Nov 09, 2021 12:28 pm
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Ghoulies
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
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Je viens de voir My Hero Academia : Two Heroes et tout comme toi Saga, j'ai vraiment beaucoup aimé ce long métrage que j'ai trouvé très réussi. :)

Pourtant, tout comme toi, je ne suis pas un fan de la série animée, même si je l'aime bien.
Graphiquement, c'est très joli, l'animation est excellente et remarquable sur l'ensemble des épisodes. Techniquement rien à redire, c'est une franche réussite.
Au chapitre des défauts, je dirai que Midoriya dans les deux premières saisons a trop tendance à pleurnicher et à s'apitoyer sur son sort (celles et ceux qui se plaignaient que Toby McGuire campait un Peter Parker trop geignard et pleurnichard dans les Spider-Man de Sam Raimi, c'est rien comparé au caractère hyper émotif de Deku ! :lol: ), la plupart des scénarios sont assez convenus et il y a beaucoup TROP de super héros parmi les personnages principaux ce qui fait que bon nombre d'entre eux sont à peine esquissés.
Mais à côté de ça, certains protagonistes sont intéressants et bien caractérisés, on en apprend petit à petit plus sur leur passé et leur vécu (le passé de Todoroki est assez poignant à ce titre) et les scènes d'action sont généralement très soignées.

Globalement, c'est une bonne série mais on est très loin des meilleurs fleurons du genre, en l'occurrence les séries animées américaines de super héros du grand Bruce Timm : Batman the Animated Series, Superman l'ange de Metropolis, The New Batman Adventures, Batman la Relève, La Ligue des Justiciers qui en terme de qualité d'écriture et de souffle épique sont à des années lumière au dessus de My Hero Academia.

Et pourtant, comme je l'ai dit plus haut, j'ai franchement accroché au premier film.

D'une part, j'ai été content d'en apprendre davantage sur le passé de All Might et son amitié avec Dave Shield est bien développée. Sa fille Melissa est un personnage très intéressant : elle est gentille, intelligente, débrouillarde et fournira une aide précieuse à Midoriya, notamment en lui fabriquant une armature spécifique pour son bras afin de le préserver quand il déploie ses super pouvoirs (la jeune fille est très observatrice).
Le cadre de l'action où à lieu l'histoire, en l'occurence cette base marine mobile où Dave construit des inventions pour aider les super héros est très cool.

Le récit laisse le temps à Midoriya et à ses ami(e)s de vivre (l'aspect tranche de vie/détente est très réussi). Quant à la prise d'otages, elle est assez prenante : nos jeunes héros devront compter aussi bien sur leurs intelligences et leurs aptitudes respectives pour surmonter les dangers auxquels ils sont confrontés.

C'est l'un des points positifs du récit : si certains des copains/copines sont sur la touche (ceux n'ayant pas gagné le concours et étant restés à l'hôtel), la plupart qui sont là sont indispensables à l'intrigue et ne font aucunement de la figuration.

Enfin, comme tu le soulignes Saga, le climax est vraiment spectaculaire à souhait et très impressionnant. Ta comparaison avec le dernier film en date de One Piece est pertinente.

En bref, ce premier film de My Hero Academia est vraiment une très agréable surprise, il était meilleur que l'idée que je m'en faisais. Bien qu'il soit avant tout destiné aux fans (même si un récapitulatif des évènements clés de la série a lieu dans l'introduction afin de ne pas larguer les néophytes), Bones ne s'est pas moqué d'eux, le staff ayant soigné aussi bien la forme que le fond.

Très franchement, je pense que je pourrai le revoir sans problèmes. :)

Pour le deuxième film, j'attendrai d'avoir découvert la saison 4 (que je n'ai pas encore vu) et ensuite je le regarderai pour me faire mon propre avis.


Dim Nov 14, 2021 12:20 am
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Critters

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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
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Un ensemble de 8 cours ou moyens métrages d'Osamu Tezuka, de durées très variables puisqu'on va de 13 secondes (Autoportrait) à 37 minutes (Tableau d'une exposition). Ces films ont, outre leur durée, des styles et des histoires variées, avec un fond récurrent (mais pas systématique) de critique des guerres et des dictatures. En point commun, ce sont des films muets, sans dialogue mais portés par les bruitages et la musique classique. Ce qui fait tout de suite penser à Fantasia.

Ces films séduisent par la foule d'idées originales qui s'y trouvent : la réalisation part ainsi de concepts très simples (les affiches qui prennent vie, le film cassé qui interagit avec le déroulement des événements, le film tourné du point de vue d'un personnage qui ne fait que rebondir...) pour aboutir à des mises en scène efficaces et qui font s'intéresser aux personnages, avec des moments drôles et d'autres beaucoup plus sombres. Les musiques sont variés et correspondent bien aux thèmes des segments, avec une préférence pour le petit refrain entêtant des histoires du coin de la rue, lorsque l'affiche du violoniste et celle de la pianiste se rapprochent.


Lun Nov 22, 2021 5:57 am
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Buffalo Kasso
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
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J'Ai Perdu Mon Corps. Jeremy Clapin. 2019.

Se lancer dans la production d'un long métrage d'animation, c'est bien évidemment devoir poser (et assumer!) un choix fort en terme d'identité visuelle car de celle-ci dépendra en grande partie la manière dont le public acceptera (ou pas) de se laisser emporter par le projet. Cette première impression est effectivement primordiale pour s'assurer rapidement l'attention et, mieux encore, l'adhésion du spectateur.
Si l'équipe derrière J'Ai Perdu Mon Corps est clairement consciente de ce critère-clé et assume pleinement la direction esthétique prise (Clapin ne tremble visiblement jamais devant ses choix, on y reviendra), le travail le plus impressionnant, le plus fondamental accompli ici se situe dans un autre registre, celui du son.
Il y a bien entendu la somptueuse et envoûtante bande originale de Dan Levy (on pense tantôt à Carpenter, tantôt à Johan Söderqvist), qui assiste l'émotion sans jamais surligner ou étouffer cette dernière. Rien qu'avec cette OST, on pourrait déjà s'estimer conquis.
Mais au delà de celle-ci, c'est toute l'atmosphère sonore qui est développée, élaborée pour mieux nous intégrer dans un voyage intérieur et extérieur.
C'est en aveugle, via un échange de voix que se fait la rencontre déterminante pour le protagoniste (à noter le travail absolument colossal réalisé par les doubleurs, qui peuvent être légitimement fiers de leurs prestations respectives).
C'est au sein d'une bibliothèque (environnement silencieux s'il en est) qu'un amour prend doucement corps.
Enfin, c'est via le son que l'âme soeur du protagoniste prendra connaissance du lâcher prise, du saut de foi que ce dernier osera pour enfin se libérer (d'une façon ou d'une autre) de toutes ses entraves.
Et c'est en effaçant le témoignage sonore de l'atroce moment ayant signifié la fin de son bonheur originel et en le remplaçant par le bruit produit par son propre Geste d'existence que notre héros Naoufel reprend clairement commande sur son avenir, sur sa vie.

On le voit, Clapin tire profit de tout ce que le médium artistique qu'il a choisi lui offre en terme de possibilités techniques pour mieux affirmer et soutenir son propos: ainsi, son sens du découpage est d'une propreté rare et fusionne "seamlessly" avec l'histoire racontée.
Et même au-delà de ça, sa gestion des outils narratifs traditionnels force un respect sans mélange: le montage déstructuré, loin de se réduire - comme c'est trop souvent le cas - à un gadget cache-misère servant à maintenir l'intérêt du spectateur sous respirateur artificiel, participe ici clairement à l'immersion dans le kaléidoscope mental dans lequel se trouve Naoufel (les souvenirs heureux se téléscopent avec les désirs enfouis ou assumés, la déshérence émotionnelle paralysant toute initiative, le destin qui volète constamment autour de nous... c'est presque du Satoshi Kon).
On mentionnait plus haut la direction esthétique prise par le projet? Hé bien parlons-en: Clapin balance à une cadence soutenue des plans impressionnants de sens et de beauté (les images de la main contemplant la ville dégagent un oxymore composé de détermination et de fragilité, de poésie et de réalisme comme on en voit rarement) et témoigne d'une science du cadrage très rafraîchissante.

C'est un peu paradoxal à dire, mais pour ce qui constitue, rappelons-le, un premier long métrage, Clapin a déjà l'air de sortir de sa zone de confort et nous propose un récit parlant à notre coeur, à notre âme et à notre esprit.
Mais, même s'il est bien conscient de nous proposer un mélange des genres parfois assez déstabilisant - la comédie romantique cotoie le body horror (voire la terreur pure et simple) et le drame humain en passant par les différentes phases du film de coming of age, le tout sous les apparats d'une odyssée allégorique -, Clapin ne perd jamais sa confiance dans la compréhension et l'intérêt du spectateur. Il ne perd jamais confiance en nous.
Derrière cette démarche courageuse, on devine rapidement le soutien total du producteur Marc Du Pontavice qui, malgré sa conscience évidente de ne jamais voir cet investissement récompensé en terme financier, n'a pas hésité à réinjecter dans un projet artistique assez osé les ressources qu'il a gagné via le succès d'autres oeuvres plus grand public (comme Oggy et les Cafards, par exemple).
On ne peut que l'en remercier et souhaiter que d'autres producteurs prennent exemple sur cette démarche ne manquant ni d'audace, ni d'intégrité.


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La prochaine commande de pizza Hawaï, je la fous sur la gueule du client.

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"lets just be friends" = I hate you, but I want to keep enough contact with you to tear you up inside with grotesquely detailed stories of all the guys I screw.


Jeu Fév 03, 2022 1:12 am
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Ghoulies
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Message Re: Longs Métrages d'Animation (USA, Japon, Europe...)
City Hunter fera son grand retour cette année dans un nouveau film d'animation cinématographique qui sortira au Japon cette année (et sûrement plus tard en France).

Voici déjà un teaser avec notre cher Ryô Saeba/Nicky Larson en action :D

https://www.youtube.com/watch?v=pvVjkP_94-k



Ven Avr 08, 2022 3:42 pm
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