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 Films Noirs: privés, femmes fatales et sombres embrouilles 
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Buffalo Kasso
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Inscription: Sam Juin 03, 2006 3:14 am
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Message Quelque chose vient de tomber
nosfé a écrit:
Little Cesar de Mervyn LeRoy (1931)

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Un des films fondateurs du genre « film de gangster », et force est de constater que si les fondamentaux sont là, ça a quand même bien vieilli. Les fondamentaux, c'est une structure en «rise and fall», et le portrait d'un mec trop ambitieux qui met en avant son agressivité et sa violence face à des parrains qui sont tous mous et trop gentils pour lui. C'est aussi l'idée que le personnage est inspiré par Al Capone... Et c'est là que le bas blesse. Parce que dans le genre, à peine un an plus tard, sort le Scarface de Hawks. Et en cette même année 1931, sortait aussi un autre film de gangster emblématique, avec les mêmes tenant et aboutissants: L'Ennemi Public. Et si Edward G. Robinson est sa bonne tronche n'ont pas à rougir de la comparaison avec Paul Muni ou James Cagney, le film semble lui appartenir à une autre époque, manquant de dynamisme, plein de scorie du cinéma muet, et ne montrant rien de la violence de ses personnages comme si le Code Hays avait déjà cours... Bref, à voir plus comme un bout d'Histoire du cinéma que comme un film réussi en lui-même, mais ça se regarde bien quand même


Aaaaah! Un grand classique, celui-là!
Je l'avais beaucoup aimé quand je l'avais vu (il y a plus de 10 ans, ça remonte!). Il figurait dans le remarquable coffret films noirs de la Warner, qui contenait également des perles comme L'Ennemi Public, justement, ou encore l'incontournable L'Enfer Est A Lui.
Perso, j'avais adoré dans Little Caesar les sous-entendus assez marqués en termes homo-érotique: la séparation entre Rico et son ancien complice sonne davantage comme une rupture amoureuse qu'un réel désaccord entre truands.
Et puis, faut voir comment le nouveau bras droit de Rico se montre toujours TRES proche de son boss.
A ce titre, certains plans sont plus que parlant:

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:mrgreen:
Assez gonflé, pour l'époque.

Allez, au suivant:

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The Spiral Staircase. Robert Siodmak. 1946.

« I got him before he got me. »

Commençons avec une suggestion amicale; si vous ne devez voir qu'un seul film de Robert Siodmak, et Dieu sait s’il en a fait des remarquables, assurez-vous que cela soit celui-ci.
Vous ne le regretterez pas.
Et même : vous n’arriverez pas à y croire.
Première surprise : alors qu’on lance Spiral Staircase en pensant assister à un autre film Noir, grande spécialité de Siodmak à l’époque, on comprend vite qu’il s’agit là de tout autre chose.
En effet, c’est bien plutôt une histoire de serial killer bien malsaine que Siodmak nous propose ici, ce qui n’était pas vraiment monnaie courante en 1946, loin de là.
Plus étonnant encore : de par son approche du sujet, Spiral Staircase n’est rien moins qu’un proto-giallo.
Ainsi, Siodmak fait précéder chacun des meurtres par un plan très rapproché sur les yeux aussi fous que déterminés du tueur (une idée reprise 25 ans plus tard dans le célèbre Chat A Neuf Queues, d’Argento).
Il y a aussi le choix des victimes, exclusivement féminines comme de bien entendu. Sans oublier la personnalité de l’assassin, où le dérangé le dispute au glauque, ou encore l’apparence de celui-ci (un plan extérieur nous le montre de manière partielle, silhouette gantée portant imperméable et chapeau, ce qui correspond à l’ « uniforme » de bon nombre de tueurs de gialli).

Mais ça n’est pas le seul aspect à travers duquel on peut considérer le film de Siodmak comme matriciel.
Exemple : si le côté voyeur du tueur nous renvoie directement à Psychose, la relation trouble que deux des suspects possibles ont avec les femmes en général et avec leur mère / belle-mère en particulier (et le caractère dominateur de cette dernière) n’est pas sans annoncer elle aussi le chef d’œuvre de Hitchcock.
Autre exemple : une des références suprêmes du film de maisons hantées, La Maison Du Diable (The Haunting) de Robert Wise, aura certainement puisé quelques idées dans la manière qu’a eu Siodmak de filmer l’intérieur du manoir lieu de l’action (ainsi que de zoomer sur les yeux remplis de cruauté du coupable).
Voilà précisément une autre immense qualité de Spiral Staircase : Siodmak soigne constamment l’atmosphère, dosant à la perfection suspense et étrangeté, et n’hésitant pas devant une certaine dose de gothique, voire d’onirisme, quand il ne plonge pas carrément dans le surréalisme.

Tout cela pourrait donner quelque chose d’imbuvable, les différentes directions esquissées s’annulant les unes les autres, ou du moins amoindrissant leurs impacts respectifs. Il n’en est heureusement rien : Siodmak fait mouche à chaque reprise et marie ses effets avec bonheur.
Il faut d’ailleurs absolument souligner à quel point le film est techniquement impeccable.
Non seulement Siodmak, au sommet de ses capacités en tant que cadreur, nous balance des plans fourmillant d’idées (l’ombre du tueur semblant sortir d’un arbre, les saisissantes séquences de meurtres) mais il est assisté par un chef opérateur de renom en la personne de Nicholas Musaraca, qui avait déjà eu l’occasion de déployer son immense talent dans le légendaire Cat People de Tourneur. Contentons-nous de dire que Musaraca nous montre ici à quel point il n’a pas perdu la main.
Ajoutez à tout ça un casting féminin de choix (la noble Dorothy McGuire, la superbe Rhonda Fleming et l’expérimentée Ethel Barrymore – qui sera d’ailleurs nominée aux Oscars pour son rôle) et vous avez un projet complet.

The Spiral Staircase aurait pu payer au prix fort son avant-gardisme : il n’en a rien été et le film récoltera un grand succès en salle.
On ne peut qu’encourager les spectateurs contemporains à constater à quel point leurs prédécesseurs avaient raison.


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Il n'y a pas que le toreador qu'un oeil noir regarde.

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"lets just be friends" = I hate you, but I want to keep enough contact with you to tear you up inside with grotesquely detailed stories of all the guys I screw.


Mar Nov 14, 2023 7:13 pm
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Message Re: Films Noirs: privés, femmes fatales et sombres embrouill
Le Quatrième Homme de Phil Karlson (1952)
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Un petit film de braquage qui a une grosse réputation, et celle-ci est méritée. Parce que voilà un polar retor comme on les aime, qui ne cesse de prendre des chemins inattendus ou de nous balancer des rebondissements et des retournement de situation à la figure (le braquage lui-même est expédié dans les 10 premières minutes). Il y a presque un côté Alfred Hitchcock Présente dans ce film, pour cette propension à trimballer le spectateur, sauf que ce qui constituait le twist final d'un épisode de la série d'Hitch, ici, ce n'est qu'un des virages que prend l'intrigue.
Au point que la réalisation pourtant propre de Karlson semble un peu juste (d'où peut-être aussi ce rappel aux Alfred Hitchcock Présente, juste fonctionnels en terme de réal): Quelque chose de plus démonstratif quant aux calculs, magouilles et réactions de tous ces personnages aurait été cool. Ca et un petit peu d'immoralité là-dedans, parce qu'autant les mecs ne rigolent pas pour se tirer dans les pattes et de mettre sur la gueule, autant il y aurait eu matière à encore un peu plus de perversité (surtout avec l'arrivée d'un love interest, et avec le personnage de marlou dragueur de Lee Van Cleef, par ailleurs seul acteur reconnaissable du cast). Mais ce serait faire la fine bouche, parce que pour le reste, c'est 'achement bien.

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Jeu Nov 30, 2023 7:04 pm
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Message Re: Films Noirs: privés, femmes fatales et sombres embrouill
L'Evadée d'Arthur Ripley (1946)

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Ca a des airs de pur film noir par bien des aspects (la date de production – 1946-, l'esthétique, et des éléments de l'intrigue: on a un chef de la pègre vicelard, ses hommes de mains et sa femme fatale), mais ça s'offre aussi quelques originalité bienvenues: Prendre pour cadre Miami et la Havane, ou faire du héros un quidam (un Robert Cummings bien fâde. Déjà qu'il était un peu trop transparent dans le Cinquième Colonne d'Hitch...) en laissant la part belle au bad-guy (un Steve Chochran mortel en mafieux psychopathe). Et le déroulé du film est à cette image : suivant les principes de base du genre, avec un petit truc en plus jusqu'à ce le film nous prend complètement à revers, au bout d'une heure de métrage, dans un truc qui rebat toutes les cartes et aurait pu donner un petit délire proto- David Lynch... Sauf qu'en fait, au final, ça n'en fait rien hormis un vague suspense, la fin pouvant aussi bien être un happy-end facile qu'une fin ouverte mal amenée. Bref, c'est mi-balisé, mi-curieux, jusqu'au reste du casting: On a Peter Lorre en henchman tordu (balisé) et Michèle Morgan en femme fatale (curieux)...

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Ven Mar 08, 2024 6:31 pm
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Message Re: Films Noirs: privés, femmes fatales et sombres embrouill
Pitfall d'André De Toth (1948)

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v'là l'affiche qui en fait des caisses, et qui n'a pas grand chose en voir avec le film...

Drôle de film noir, qui lorgne plutôt du côté du drame domestique. Ici, le héros est un père de famille rangé bossant dans les assurances, le détective privé est un salaud (Raymond Burr, qui en plus d'être un joli sosie de Kubrick jeune, est enveloppé dans une veste trop large qui lui fait une toute petite tête), le bandit un pauvre gars qui se fait manipuler (et qui tombe pour raisons fiscales, même pas l'arme à la main), et la femme fatale une gentille fille trop bonne avec ces messieurs (Lizabeth Scott et sa sensuelle voix grave). Bref, le contrepied total du genre, ce qui pourrait être intéressant, mais qui peine un peu à convaincre, d'autant que l'ensemble sert un moralisme bien propre sur lui pas vraiment passionnant (le gentil papa s'est laissé allé à un faux pas, mais il retrouve malgré tout l'admiration de son fiston et l'amour de sa femme...)

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Sam Mar 16, 2024 2:46 pm
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