
Spider-Man : No Way Home (Jon Watts - 2021)
La critique qui suit comporte des spoilers
Je n'avais pas vraiment prévu d'aller le voir aussitôt mais mes potes en ont décidé autrement en décidant de se payer une séance 45 minutes à l'avance. J'étais pas forcément chaud au départ et puis finalement, je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal, ma dernière séance remontant à un moment déjà (je crois que je n'y suis pas retourné depuis la réouverture des salles).
J'avoue que j'ai une certaine sympathie pour les
Spider-Man de l'ère
Tom Holland. J'avais bien aimé le premier, adoré le précédent (ils avaient totalement compris le personnage de Mysterio). J'étais plus sceptique sur celui-ci, les rumeurs de retour des anciens vilains et des anciens Spidey ne m'emballaient pas plus que ça, contrairement à la plupart des fans. Je craignais surtout la nostalgie béate, surlignée et le fan service à mort, la période s'y prêtant encore plus que d'habitude.
Évacuons donc tout de suite les questions qui ont animé toute la promo qui entourait le film : oui, les anciens ennemis des ères Maguire/Garfield sont de retour. Oui, les anciens
Spider-Man incarnés par ces deux acteurs sont aussi de retour. Oui, c'est une forme de clin d'oeil aux fans et donc une forme de fan service. Mais le film ne se repose pas là dessus et met ce retour au service d'un propos plus grand et plus intelligent.
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Spider-Man : No Way Home" propose de faire entrer
Peter Parker dans l'âge adulte dans une forme de coming of age. Ici, il s'agit d'une mise en application de la maxime "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités" : le héros est face à un choix et va apprendre que ses décisions ont des conséquences, pour lui et sa famille, et que parfois, prendre "la bonne décision", faire preuve d'héroïsme, ça peut avoir des conséquences fâcheuses. Que fait-on alors? Est-ce qu'on reste passif où est-ce qu'on agit tout de même, en sachant qu'on en paiera le prix.
Ainsi, en voulant sauver des vilains d'une mort certaine,
Peter Parker déclenche une réaction en chaîne qui lui coûtera ce qu'il a de plus cher. Et c'est avec l'aide de ses "doubles" qu'il prendra conscience de ce qu'il doit faire. Les éléments du passé servent de base pour bâtir le futur. Et même si le retour de
Tobey Maguire et
Andrew Garfield dans le costume est dispensable (si ce n'est un discours méta un peu ironique sympa mais un peu ridicule sur les bords), elle amène une scène touchante où les deux aînés partagent leur expérience
du deuil avec le jeune
Tom Holland.
Le gros point positif de ce troisième volet du nouveau
Spider-Man, c'est qu'il trouve un équilibre parfait entre l'humour et le drame. L'humour a toujours fonctionné dans la version de
Jon Watts : en décidant de ne pas en faire une adaptation littéral du comics, en prenant la liberté d'aller sur le territoire de la comédie teenage plus que du film de super-héros,
Watts∆ réussissait à conférer à ses films une identité propre, ne donnant par l'impression de voir un énième blockbuster dirigé par un tâcheron interchangeable au sein d'un gros studio, il y avait une fraîcheur et une modernité qui séduisait immédiatement.
Ici la nouveauté, c'est que l'aspect dramatique est beaucoup plus développé. Il y a une scène formidable et très représentative de ce changement : lorsque
Peter Parker perd sa tante. C'est un vrai beau moment dramatique, un vrai beau moment d'émotion pure, qui n'est évacué par aucune vanne, qui est assumé jusqu'au bout. La scène est importante parce que
Peter expérimente la mort d'une être cher, qui est peu ou prou la conséquence de son choix.
Et toujours dans cette continuité, pour sauver la Terre d'un désastre dont il est plus ou moins responsable par un comportement enfantin, Peter accepte de sacrifier ce qu'il a de plus sacré, il accepte de sacrifier son bonheur pour celui de ses amis et pour une cause plus grande. Lui qui est encore un adolescent au début du film devient un vrai héros à la fin, le long d'une trajectoire où l'important n'est pas ce que l'on pense vraiment, pas ce sur quoi tout le monde conjecturait.
"Spider-Man : No Way Home" reste un blockbuster, qui remplit son rôle de divertissement, mais c'est un divertissement honorable, qui ne prend pas le spectateur pour un idiot et qui ne sacrifie pas l'émotion sur l'autel de l'humour, capable de faire rire et pleurer sans forcer le trait tout en proposant de belles scènes d'action. Une anomalie pour un studio tel que celui-ci.
(P.S : si vous avez aimé le film, partez de la salle une fois qu'il est terminé et n'attendez pas la scène post-générique, ne vous faites pas de mal et gardez un bon souvenir. Croyez moi, vous n'avez pas envie de voir Tom Hardy cabotiner pour annoncer l'arrivée de Venom dans le SpiderVerse)
(La seule chose que vous raterez, c'est la bande-annonce de Doctor Strange 2 mais normalement, si vous avez internet, ça ne devrait pas trop vous poser de problème)
5,5/6