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Après la déception Shogun, voici le second gros morceau télévisuel de ce début d'année, "Le Problème à 3 Corps", adaptation du best seller de Hard SF de Liu Cixin. Et c'est peu dire que Netflix a mis le paquet pour cette série : elle est allé chercher les showrunners de Game of Thrones et a filé un budget très confortable de 20 millions de $ par épisodes (mais après Rebel Moon, on sait que la plateforme adore jeter l'argent par les fenêtres dans des productions boursouflées).

Le principal défi de cette adaptation allait être de rendre accessible au grand public les concepts techniques de l'auteur puisque les romans se résument principalement à ça. On allait aussi bien sur jouer au jeu des 7 différences, ne serait-ce que parce que (est il encore nécessaire de le rappeler) un roman et une série sont deux médias différents et qu'il y avait largement la place pour des modifications, les romans étant loin d'être sans défauts. Et à ce jeu là, il y a beaucoup à dire.

Premier point positif : la série à conserver la même introduction que le matériau de base, à savoir la révolution culturelle chinoise et la violence de cette période. Avec des personnages qui, dieu merci, parlent en Chinois. Sauf qu'il y a quand même un truc qui manque : il aurait fallu remettre tout ça dans son contexte. Pour les occidentaux que nous sommes, l'accession au pouvoir du communisme en Chine est une période très peu connue et tout l'intérêt du roman était justement de mettre en lumière cette ère, tout en s'en servant comme base de réflexion pour des considérations géopolitiques et sociales. Là, la série se contente de porter les passages du roman à l'écran, sans jamais apporter d'explication pour le public et sans jamais vraiment s'intéresser à son sujet. Elle opère quelques changements mineurs dans la trajectoire de Ye Wenjie, dont on peine à comprendre l'intérêt puisqu'ils ne modifient rien en profondeur mais elle laisse surtout l'impression de passer assez vite sur le passé du personnage et d'en faire un résumé rapide.

Évidemment, adaptation US oblige, le reste de la série se passe non pas aux USA mais en Angleterre, parce que mon dieu, suivre des personnages non caucasiens dans un décor non occidental aurait sûrement provoqué des AVC au public de Netflix. On oublie donc Wang Miao, remplacé par un groupe d'étudiants de Oxford qui se retrouvent pour l'enterrement de l'une des leur. Alors, ce n'est pas entièrement un scandale parce que, dans le roman, la façon d'introduire l'intrigue principale par l'auteur n'est pas des plus réussie et est un peu simpliste. C'est l'un des défaut principal du roman et surtout de l'écriture de Liu Cixin : autant les concepts scientifiques sont passionnants, autant les personnages et l'aspect dramatique et littéraire est raté. Cixin est avant tout un scientifique plus qu'un écrivain et ça se ressent souvent. Dans le roman, Wang Miao, un scientifique travaillant sur les nanomatériaux est convoqué par la police à une conférence organisée par les autorités et l'armée de plusieurs pays, dans laquelle on lui apprend le suicide de plusieurs scientifiques dont une connaissance pour laquelle il avait des sentiments, et on lui demande de jouer les taupes au sein d'une mystérieuse organisation qui seraient liée d'une façon ou d'une autre à ces morts. Il y avait moyen d'améliorer cette partie. Hélas, le groupe de personnages inventés pour la série ne brille pas par des personnalités très intéressantes.

C'est encore pire pour le personnage de Shi Qiang, flic mal élevé, pas très bien écrit et assez cliché mais pour lequel on finit par se prendre d'affection, transformé en point d'interrogation dans ce premier épisode. On nous présente un flic qui enquête sur des personnalités, sans nous expliquer un seul instant qui il est ou ce qu'il fait, qui sont ces gens sur qui il enquête ? Pourquoi?

On savait que l'adaptation du fameux compte à rebours serait délicat. Le personnage principal se met à voir un compte à rebours constant devant ses yeux et ce n'est pas l'idée la plus simple à traduire à l'écran sans que ce ne soit moche ou ridicule. Pas de chance, c'est les deux. Là encore, on a l'impression que tout s'enchaîne un peu vite alors que dans le roman, les choses prennent un peu plus leur temps et que la progression de Wang Miao est un peu plus logique. C'est d'ailleurs assez incompréhensible de ne pas avoir repris l'idée du compte à rebours sur les photos, qui était bien plus adaptable à l'écran.

Tout s'enchaîne tellement vite que je me demande ce qu'en ont pensé ceux qui n'ont pas lu le roman. Notre scientifique voit le compte à rebours puis elle est abordée par une mystérieuse jeune femme qui lui offre une babiole et lui demande d'observer le ciel à un moment précis, ciel qui se met à clignoter. C'est vraiment un résumé ultra rapide et simpliste des 150 (!!!) premières pages du roman. Il manque aussi le principal : le lien entre ces événements et une menace sur les sciences, élément fondamental du roman. Là, on a vraiment l'impression qu'on est sur une espèce de vague copié collé bête et simpliste, la forme y est (noyé dans la mise en scène moyenne habituelle de Netflix) mais il manque le fond. Les suicides de scientifiques sont traités comme un thriller horrifique mais il n'y a pas de réflexion derrière.

Tout vu en deux jours il y a plus d'une semaine, et pas convaincu plus que ça, bien moins en tout cas que la hype qu'on tente d'installer autour.
Le roman originel doit être bien plus passionnant, même si il y a déjà quelques idées bien sympa dans cette série : le pinacle étant dans l'épisode 5 avec une excellente scène dont on ne retrouvera pas l'intensité ensuite. On se rappelle finalement ces séries des années 2000 qui n'ont eu qu'une saison autour d'un principe accrocheur et dont on regrettait de ne pas avoir la suite, ici on l'aura sûrement mais finalement est-ce que ça sera si utile ?

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Peu ou prou la même chose que le premier épisode. On est vraiment en mode avance rapide, tellement que Ye Wenjie prend déjà contact avec les extraterrestres et qu'on introduit déjà Evans.

Tout ce qui se déroule dans la réalité virtuelle est d'une laideur sans nom et là aussi largement bâclé. La série essaie d'expliciter le côté jeu vidéo, qui reste assez flou dans le roman (Liu Cixin s'en fout un peu) mais ce n'est pas plus réussi pour autant. On pourrait comparer avec un "Ready Payer One", qui sans être un film que j'adore gérait bien mieux cet aspect. On a ajouté une gamine qui ne sert à rien.

Pas mieux du côté des personnages : John Bradley-West assure la caution lol, parce qu'il faut ajouter un peu d'humour, il faudrait surtout pas garder un ton ultra sérieux et tragique tout le long, le public gavé aux MarMo ferait une syncope. Liam Cunningham est toujours aussi fade et pas aidé par un personnage dont on ne sait rien : des scientifiques du monde entier se donnent la mort dans des conditions mystérieuses et l'univers clignote mais on a que deux clampins paumés dans un bureau pour enquêter, c'est tout à fait crédible.

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Ah ouais, donc en fait, ils balancent l'ultime révélation au bout du troisième épisode, comme ça. C'est vraiment écrit n'importe comment cette série. Le passage dans le jeu est complètement raté : lorsque les deux joueurs débarquent au milieu de toute l'armée réunie, c'est la scène où les soldats servent d'ordinateur humains. C'est une scène qui aurait pu être assez spectaculaire mais là encore, ça demande de comprendre les concepts scientifiques derrière et comme la série s'en branle, ça donne à nouveau une scène bâclée et sans intérêt, couplée à des sfx très laids. Les mecs ont pensé que le roman se résumait à une invasion extraterrestre alors que ça va plus loin que ça.

Et je viens de réaliser un truc. La meuf avec le katana dans le jeu, c'est Intellectra, un personnage que l'on ne rencontre que dans le troisième tome. Et Will Downing, le personnage qui a un cancer, c'est Yun Tianming, personnage que l'on ne rencontre également que dans le troisième tome mais dont l'histoire s'etale sur des flashback qui se situent durant la période couverte par le second roman. Je peux comprendre à la rigueur qu'on décide d'introduire ces personnages maintenant, les limites des romans c'est que les personnages changent quasi intégralement d'un tome à l'autre mais l'écriture de ces personnages (et du reste) est tellement catastrophique que rien ne fonctionne.

La mort de Jack par exemple, on s'en branle. D'autant plus que je ne comprends toujours pas qui est la mystérieuse fille en question, ni de quoi elle est capable vraiment.

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C'est toujours un peu le même problème : les changements sont compréhensibles mais c'est tellement mal écrit que ça ne rend pas la série bonne pour autant.

Evans aurait mérité une plus longue introduction. Alors certes, dans le roman, il ne joue pas un très grand rôle mais c'était justement la possibilité d'étoffer le personnage. Là, on ne sait pas plus qui il est vraiment et l'aspect militant écolo radical est réduit à peau de chagrin.

La révélation du rôle Ye Wenjie dans la réunion tombe complètement à plat, à nouveau faute de développement du personnage. Et c'est toujours très simplistes : dans le roman, on apprends qu'il y a 3 courants différents parmi l'organisation Terre-Trisolaris, 3 courants de pensée qui s'affrontent. Ça a été totalement gommé ici.

Oh, et ils ont collé un fils gay qui ne sert à rien à Shi Qiang, parce que c'était vraiment nécessaire, c'est sûr. Le degré zéro de l'écriture d'une série.

Intéressé par le pitch mais divisé par les avis... Ma question est donc : vaut-il mieux que je commence la série chinoise ou américaine ? Le forme est si différente ?
(pas le temps ni l'envie de faire du cross-série comparatif)

La série chinoise est visiblement beaucoup plus fidèle aux romans. La version Netflix n'a aucun intérêt, même sans la question de la fidélité, c'est moche, con et mal écrit.

Merci ! Je vais de ce pas y jeter un oeil....

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La série torche donc l'intégralité du premier roman en 5 épisodes , autant vous dire qu'elle passe à côté de toutes les subtilités et surtout du propos du bouquin.

On a droit à la fameuse scène du bateau avec les nanomatériaux avec des CGI tout juste dignes d'une cinématique PSX. Et puis, nous montrer qu'il y a des mômes sur le bateau mais ne pas avoir le courage de les montrer se faire découper à l'écran, quelle bande de petites quéquettes : ça aurait permis de rigoler un peu.

J'avais zappé que le personnage incarné par Liam Cunningham était Wade, une espèce de super agent arrogant et sans morale introduit dans le tome 3. Comme pour les autres épisodes, je comprends qu'on veuille le faire apparaître dès le début mais non seulement le personnage est écrit n'importe comment (honnêtement, dans la série, on peine à comprendre qui il est et quelle est sa fonction) mais en plus c'est un midcast total. D'ailleurs on peine toujours à comprendre comment deux péquenauds peuvent se charger seuls d'une telle menace.

Il y a un contresens total au personnage de Evans : en faire un fanatique qui prendrait les Trisolariens pour des dieux, ça n'a pas de sens. C'est un écologiste radical qui considère que l'être humain est un poison pour l'humanité, il y avait largement de quoi creuser de ce côté là, surtout à notre époque. Ce n'est pas un extrémiste religieux.

La série se retrouve aussi coincée quand elle doit adapter la partie du roman qui explique la vie sur Trisolaris. Elle ne veut pas montrer à quoi ressemble les extraterrestres parce que ce n'est pas indiqué dans le roman et que les scénaristes n'ont aucune imagination. Du coup, tout tombe à nouveau à plat.

C'est quand même un échec total cette première partie. La série est passé à côté de tout ce qui faisait la réussite du roman et n'a même pas été capable d'améliorer les points les plus faiblards. Maintenant ça va être encore plus compliqué puisque le second roman est juste une enfilade de concepts grandiloquents. En gros, on donne carte blanche à des types iconoclastes pour concevoir un plan pour repousser les aliens qui arrivent dans 400 ans. Ça va être la foire au n'importe quoi à base de CGI bas de gamme.

L'impression en tout cas, c'est que ça n'a pas pris autant que prévu (à raison) et que ça semble peu probable que ça devienne le nouveau truc à la mode comme ils ont essayé de le lancer. Pas certain que ça aille au-delà d'une saison 2.

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Étonnamment, celui ci était correct. Ça adapte toute la première partie du tome 3 et ça ne se débrouille pas trop mal. Enfin, au moins pour la partie concernant Will. Et ce n'est pas vraiment une surprise : c'est une intrigue beaucoup moins SF et plus romance donc c'est plus simple à porter à l'écran. Et ma foi, j'ai trouvé le personnage de Will très touchant. Bon, de toute façon, c'était jusque là le personnage le mieux écrit mais c'était surtout parce que les autres sont à la ramasse et qu'on s'en branle de leur sort. Là, il y a vraiment quelque chose qui fonctionne bien, surtout la scène finale devant l'écran géant sur le "Vidéo Games" de Lana Del Rey, j'avais oublié à quel point ce titre est un putain de bon tube. J'ai d'ailleurs laissé le générique de fin jusqu'au bout. C'est peut être la seule scène dont je me rappelerai pour le moment.

Le reste est moyen, pas plus que d'habitude heureusement. Le projet Escalier est vendu comme l'une friteuse Lidl, on essaie encore de trouver quoi faire du mec de Jin Cheng et Salazar a des pudeurs de gazelles à propos de son implication dans le découpage du bateau l'épisode d'avant : on s'en fout.