
The White Lotus (Mike White - HBO/OCS)

En 2011, Mike White illuminait le versant « indie » de HBO avec la série Enlightened. L’éveil spirituel d’Amy (Laura Dern, qui connut un nouveau souffle avec ce rôle), une femme auto-destructrice, modifiait la vie de son entourage sur deux saisons à la fois drôles, émouvantes et habilement dénonciatrices des maux du monde du travail. Déjà touche à tout sur cette série, le showrunner/scénariste/réalisateur y interprétait Tyler, le collègue introverti de Laura. Après l’annulation de Enlightened, aucune autre série n’approcha son ton si particulier et Mike White se cantonna à l’écriture de scénarios sur des projets aux antipodes (le monde secret des Emoji, Pitch Perfect 3…). Ce n’est que dix ans plus tard que nous le retrouvons aux commandes d’une autre curiosité, toujours pour HBO. The White Lotus se présente comme une sorte de croisière s’amuse feuilletonnante sur une saison. Un groupe de touristes – une famille, un couple en lune de miel, une riche célibataire dépressive – débarque à Hawaï dans un hôtel paradisiaque pour y passer une semaine. A raison d’un épisode par journée, nous suivons tous les personnages et découvront comment le séjour va influer sur leurs vies.
The White Lotus est un vrai ensemble show dans lequel chaque acteur a sa partition, et il regorge de têtes connues (le meilleur argument reste Alexandra Daddario). Le showrunner orchestre un défilé de portraits grinçants, autant de personnages qu’il expose un peu (parfois même explicitement dans les dialogues ou dans le générique) comme des animaux dans leur milieu naturel. Nous voyons peu les différents groupes interagir entre eux car le propos est plus de voir s’exprimer la somme de tous ces égos dans le cadre des rituels journaliers de l’hôtel. Le dépaysement, l’isolement du monde extérieur et l’irruption d’un nouveau décor permet de mettre en exergue le malaise, les petites hypocrisies, les maux familiaux et les différences sociales présentes entre les hôtes et leur clients, mais aussi au sein même du groupe des clients. La série est tout aussi impossible à résumer que Enlightened, tant Mike White rend indissociable l’immersion (la réalisation et la musique se calent sur les humeurs des personnages) et les péripéties qui ponctuent les épisodes. Se laisser guider par le maître des lieux, au gré des vagues, est bien plus grisant que de chercher à deviner la destination du voyage – qui nous est suggérée dès le début lors d’un flash forward. On découvrira une série caustique et attachante, une divertissement qui tombe à pic dans cet été bien morne.