Le business de la drogue a toujours passionné l'industrie du divertissement. On ne compte plus le nombre de séries sur le sujet ces dernières années : The Wire, Snowfall, Breaking Bad, Narcos, Weeds... Top Boy n'est pas vrai une nouvelle venu dans l'arène.
L'historique de la série est pleinement en phase avec son époque. Originellement diffusé sur
Channel 4 à partir de 2011, elle tient durant deux saisons sur la télé britannique avant d'être annulée par la chaîne. Mais comme nous somme dans une époque où rien ne se perd mais tout se récupère, le rappeur
Drake découvre par hasard la série quelques années après son annulation et comme il a de l'argent à dépenser, il décide d'investir pour relancer la série, en partenariat avec
Netflix, toujours là pour flairer un filon juteux et déterrer des cadavres. En 2019, la série renait donc de ses cendres et reprend les choses presque où elle les avait laissé. Les deux premières saisons diffusées sur
Channel 4 sont récupérées par la plateforme et mise en ligne sous le titre "
Top Boy : Summerhouse", histoire de bien faire le distingo.
Saison 1Mais alors, ça raconte quoi cette série ? Rien de bien original sur le sujet. On est dans une structure classique de récit choral qui suit plusieurs personnages d'une banlieue anglaise touché de près ou de loin par le trafic de drogue. Les deux personnages principaux sont
Dushane et
Sully, 2 amis d'enfance, 2 petits caïds qui ont pour ambition de se faire de l'argent et de monter en grade. Les deux garçons ont un tempérament très différent l'un de l'autre :
Sully est un impulsif violent qui frappe avant de parler et qui ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes alors que
Dushane est plus intelligent et réfléchi. Le problème de cette saison, c'est déjà qu'on ne sait pas grand chose d'eux, ni du lien qui les unit. Il faudra se contenter de savoir qu'ils ont (visiblement) grandi ensemble mais on ne saura pas grand chose de plus de leur vie. On ne verra la mère de
Dushane qu'une seule fois, sans que sa présence ne soit cruciale et on ne verra aucun proche de
Sully si ce n'est sa femme et sa fille, là encore dans une seule scène où leur présence est secondaire. Difficile donc de s'attacher aux personnages, d'autant plus qu'il faudra vraiment attendre la fin du second épisode voir le troisième pour vraiment prendre conscience des différences entre les deux garçons.
À côté, d'autres protagonistes évoluent dans les mêmes sphères. Il y a
Ra'Nell, un gamin black dont la mère dépressive vit recluse chez elle. Lorsqu'elle est admise en hôpital psychiatrique, le garçon se retrouve seul, même si Léon, un ami de sa mère, tente de veiller sur lui pour éviter qu'il ne soit corrompu comme la plupart de ses camarades.
Ra'Nell est un peu l'archétype du gamin tranquille et sans histoire, qui tente de rester en dehors du business, même si tout autour de lui tente de le faire tomber et qu'il finit irrémédiablement par être touché de façon collatéral, notamment lorsque l'un de ses amis est soupçonné d'être une balance.
Et il y a
Heather, une future jeune maman célibataire qui cultive du cannabis chez elle dans le but d'amasser assez d'argent pour quitter le quartier. Elle embauche
Ra'Nell pour s'occuper de ses plants et son rôle reste assez secondaire.
Cette première saison se propose d'explorer le sujet à hauteur d'homme ou plutôt à hauteur d'une petite banlieue qui pourrait se trouver n'importe où. Un pari à moitié réussi, avec de temps à autre quelques explosions de violences mais le propos semble encore un peu flou et la série semble avoir du mal à savoir où elle va. On pourrait facilement éliminer
Ra'Nell et
Heather de la série sans que ça ne change grand chose.
Là où la série s'avère plus convaincante, c'est dans son aspect "banlieue triste". Quand elle s'attache aux populations de ces banlieues, même à sa jeunesse employée par les dealers, quand elle montre leur quotidien le plus banal... Il y a une scène absolument fabuleuse dans ce registre : quand
Gem, le meilleur ami de
Ra'Nell, un jeune adolescent d'à peine 13 ans, revient d'une journée à vendre de la drogue et qu'il retourne à l'appartement miteux où tout le monde se retrouve et où le produit et l'argent sont stockés. Certains dorment, d'autres jouent aux jeux-vidéos et personne ne fait attention à lui. Il prend une couverture et s'allonge à même le sol pour dormir. Quelques heures plus tard, il est réveillé, il faut qu'il assure une livraison pour un client : le gamin s'exécute, encore à moitié commateux.
Ou bien quand la mère de
Ra'Nell sort de l'hôpital pour une journée de "permission" et qu'elle rentre chez elle pour trouver un appartement vide. Son fils s'occupe des plants de
Heather et a mis son téléphone en silencieux. Il n'a pas entendu les messages qu'elle lui a laissé. La mère achète tous les aliments nécessaires dans le but de partager un bon repas avec son fils, pour fêter cette liberté temporaire mais le temps que
Ra'Nell consulte ses messages vocaux, il est trop tard, la journée est déjà passée et sa mère est repartie. Elle a mangé seule en l'attendant et l'appartement est vide désormais. Et pendant ce temps,
Sully et
Dushane regardent un cadavre brûler dans la nuit. C'est dans cet espèce de désenchantement urbain que la série se démarque alors, qu'elle révèle un visage différent d'autres séries du même genre. Malheureusement, ce n'est pas l'aspect qui sera le plus mis en avant.
En résulte donc une saison 1 encore brouillonne, pas forcément très originale dans son sujet et le traitement de celui ci mais suffisamment prometteuse pour aller au bout de la saison de 4 épisodes et voir si la seconde s'améliore.