Saison 1

Comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, j'ai décidé de redonner une chance à "For All Mankind" après les critiques dithyrambiques que la série a encore reçue pour sa 4e saison. A l'époque, je n'avais pas été plus loin que le premier épisode parce que je trouvais que la série passait à côté de son sujet et n'exploitait pas son postulat dystopique : ok, les Russes mettent les premiers le pas sur la lune et ensuite? Ça ne change pas grand chose.
En revoyant le premier épisode de la saison, ça me conforte dans mon impression de l'époque. Et d'ailleurs cette critique pourrait être étendue à toute la saison. Mais en fait, la série est plus intelligente que ça. Alors qu'on a l'habitude qu'une dystopie soit grandiloquente et spectaculaire, "For All Mankind" fait les choses avec beaucoup de subtilité.
Le second épisode est déjà plus intéressant. Pas encore aussi magistral que la suite, le sauvetage d'Appolo 11 n'est pas hyper intéressant mais le procès de Werner Von Braun est un sacré morceau d'écriture. Dans le genre "les USA adorent crucifier leurs anciens héros sur l'autel des décisions politiques", ça enterre à l'aise le Oppenheimer de Nolan. La façon dont Von Braun séduit son auditoire par sa repartie et son humour puis la fourberie de la cour et du gouvernement qui ressort de vieux dossiers et provoque la disgrâce du scientifique... c'est du grand art, vraiment.

La première partie de la saison est assez carrée. Chaque épisode à un truc précis à raconter et suit un chemin bien délimité sans s'en écarter. Le twist à la fin de l'épisode 2 va finalement donner le ton général de la saison : la première femme sur la lune pousse les USA a former une équipe de cosmonautes féminines et à se pencher sur le droit de vote des femmes. Le 1x03 suit donc le programme de recrutement à travers plusieurs épreuves et met en lumière la qualité d'écriture des personnages : elles ont chacune un caractère différent et on s'attache à chacune d'entre elles. Une autre qualité du show qui reviendra à de nombreuses reprises dans la saison, c'est son refus de faire dans la facilité. Déjà avec Ed qui refuse de charger Von Braun juste pour récupérer sa place mais aussi à travers le personnage de Tracy Stevens, au départ favorite mais que la série va finalement délaissée pour un personnage moins consensuel : Molly Cobb.
C'est vraiment dans la seconde partie de sa saison que la série va se lâcher un peu plus et se concentrer sur ses personnages. Et vu que je suis quelqu'un pour qui les personnages sont peut être ce qu'il y a de plus importants dans une série, c'est un plaisir à regarder. D'autant plus quand l'écriture est aussi solide. Il n'y en a pas un seul à jeter. On s'attache à tous, même les plus secondaires (le mari de Molly par exemple, un personnage qui aurait pu sombrer dans le ridicule mais qui s'avère être l'un des plus attachant).

D'ailleurs, cette seconde partie de saison offrira ce qui est probablement permis les meilleurs épisodes de séries TV vus jusqu'ici : le 1x07 ("Hi Bob") sur la solitude et l'enfermement dans l'espace et le 1x08 sur la mort du fils de Ed et Karen, un sujet difficile, traité avec une justesse et une sobriété rarement vu. La série ne sombre jamais dans le pathos et n'en fait jamais trop quand elle s'aventure sur un terrain dramatique et quand elle veut susciter l'émotion.

Certains ont reproché à la série l'éternelle rengaine du wokisme (mon dieu, cachez ces personnages qui ne sont pas blancs, masculins et hétéros, moi je veux vivre en 1950), notamment par son aspect féministe. Si on ne peut nier qu'il y une volonté claire de mettre les oersonnzges féminins en avant, la qualité d'écriture de la série fait ça de façon admirable et jamais lourde. Mais outre cette thématique, il y en a une autre qui est assez évidente : "For All Mankind" rejoue le frisson de la conquête de la lune. Elle accorde une énorme part à ces voyages dans l'espace, à une époque où tout était possible quand aujourd'hui on galère à ne pas faire exploser une fusée dans l'espace.
J'aime aussi beaucoup revoir une série qui pense sa saison en terme d'épisodes et pas comme un long film découpé. Ça devient tellement rare aujourd'hui que voir des épisodes bien délimité, c'était un vrai bonheur.
Le seul reproche que je pourrais faire à la série, c'est un propos global un peu flou. Le côté dystopique est pour le moment surtout un prétexte, on ne peut pas dire que l'Amérique telle qu'on la connait ait profondément changée. Même si la scène post-générique en fin de saison laisse entendre que les USA ont installé une base de lanfele de missile nucléaires sur la lune et que la série laisse l'impression qu'elle a un plan sur le long terme.

En tout cas, magnifique première saison, je regrette pas d'avoir laissé une seconde chance à la série. Je vais attendre un peu avant d'attaquer la seconde saison parce que j'ai pas envie de tout dévorer d'un coup