Voir les messages sans réponses | Voir les sujets actifs Nous sommes le Ven Mar 29, 2024 3:47 am



Répondre au sujet  [ 58 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3
 Vous lisez quoi en ce moment ? 
Auteur Message
Critters
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Sep 10, 2020 8:37 am
Messages: 357
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Il est fort ce Christophe Siébert , une plume accérée, rentre-dedans.
il se veut choquant d'entrée de jeu.
Oui de jeu je parle.

Dans NUIT NOIRE, aucune empathie avec le personnage. On est à la première personne, on est le tueur.
On est dans sa tête de malade, aucune concession, une sorte de rituel, un chemlnement presque naturel..
Une violence naturelle.

Engendrée par quoi?
Sommes-nous le fruit de notre éducation?
Pouvons-nous en prendre conscience et en faire abstraction?


On se demande juste pourquoi il a écrit ça.

Et pourquoi on le lit.


Sam Oct 24, 2020 11:54 pm
Profil
OUAIS!
OUAIS!
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Ven Déc 15, 2006 6:13 pm
Messages: 3983
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
En ce moment, je lis les lignes de ma main ; il est prévu qu'elles écrivent que vous êtes encore plus pathétiques que moi, c'est dire

_________________
8 bits + 7 ex = 6/6
"c'est pas un temps à mettre un Anglais dehors : il fait beau, il y a du soleil" (Thierry Adam)


Dim Oct 25, 2020 2:22 am
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

De Haruki Murakami, je n'avais lu que "La Ballade de L'impossible" dont je ne garde aucun souvenirs (à part que ça parlait d'une chanson des Beatles et que c'était chiant à mourir). Puisqu'on ne cesse de me le vendre comme un auteur super poétique, j'ai essayé son roman le plus connu : la réputation de l'auteur me dépasse totalement.
Il fait se farcir déjà 150 pages extrêmement chiante et lourde avec un ado de 15 ans qui s'enfuie de chez lui pour échapper à une malédiction œdipienne, trouve refuge dans une bibliothèque tenu par un hermaphrodite. Et un vieillard devenu trouvé après un incident avec sa classe étant enfant, qui sait parler aux chats et tenté de retrouver les matous perdus.
Ensuite il se passe vaguement quelque chose quand le vieux doit tuer un mec qui décapite les chats pour récupérer leurs âmes et en faire une flûte.
Puis c'est le néant total à nouveau. Il est question d'une pierre et du colonel Sanders à un moment. Tout ça baigne dans un gros n'importe quoi censé être décalé et poétique, Murakami étale ses connaissances à la truelle, balance des scènes de sexe incongrues, j'ai eu l'impression de lire un truc écrit par un gamin de 14 ans. Comment tu peux être un auteur aussi réputé avec une écriture aussi faiblarde, je ne saurais l'expliquer. C'était un calvaire à lire et on ne m'y reprendra plus.


Mar Nov 24, 2020 9:15 am
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

J'avais découvert l'auteur en cherchant un peu au hasard dans le rayon SF. C'est Julian au départ qui m'attirait mais c'est finalement celui-ci que j'ai choisi, parce qu'il est considéré comme un classique de l'auteur et que le côté exploration d'un nouveau monde m'intéressait.

1912 : un gigantesque éclair de lumière fait disparaitre une grosse partie de l'Europe, du sud du Royaume-Uni aux frontières des Balkans. Ce gros morceau de territoire est remplacé par un nouveau continent appelé la Darwinie : nouvelles espèces, nouvelles végétation... Quelques années plus tard, Guilford Law, jeune photographe, enfant à l'époque de l'événement, part pour ce nouveau monde avec une équipe d'exploration. Tout le monde n'en reviendra pas vivant et ils apprendront la vérité sur le phénomène.

Au final, bof, bof...
Déjà, le roman met un petit bout de temps avant de démarrer, une centaine de pages (sur un peu plus de 400). Certes, le début est plutôt bien écrit mais on se demande s'il fallait vraiment une introduction aussi longue pour présenter les personnages (y compris des personnages secondaires à l'intérêt tout relatif dans l'intrigue).
Quand enfin l'exploration démarre, ça finit par ramer très vite. Non seulement l'auteur peine à inventer une faune et une flore nouvelle et passionnante mais les dangers de la Darwinie sont plutôt terre à terre.

Et puis, en plein milieu, Wilson se met à partir dans un n'importe quoi fumeux et confus. On nous parle d'une guerre ancienne entre deux espèce extraterrestres dont certaines se seraient incarnés dans des êtres humains... Perso, j'ai pas tout capté et ça tranche totalement avec le récit d'exploration jusque là déployer pour virer vers du fantastique légèrement horrifique. Et plus ça avance,plus ça s'enfonce dans un truc très différent de ce qu'on avait jusque là et moins c'est captivant.

La structure du récit est aussi bancale. Je déteste ces romans qui alternent storylines et personnage d'un chapitre à l'autre. Parce qu'en règle générale, il y en a toujours une plus intéressante que l'autre, donc on a toujours hâte d'en finir avec la plus faible pour revenir à l'autre. On a donc d'un côté la voyage de Guilford Law et de l'autre l'histoire d'un spirite plus ou moins possédées par une espèce de démon qui lui a conféré l'immortalité : on a du mal à voir le lien avec le reste et quand c'est enfin expliqué, c'est tout naze. La structure se fait même tertiaire puisque ensuite, on s'intéresse même à la vie de l'épouse de Guilford Law restée dans la partie de l'Angleterre reconstruite (et de sa fille) et c'est encore moins intéressant que le reste.

Le récit alterne aussi narration à la 3e personne et journal de bord, initiative contre-productive puisque les passages du journal ne font que répéter ce que l'on sait déjà. Il fallait choisir l'un ou l'autre.

Je pensais terminer le bouquin par principe mais j'ai fini par oublier son existence à 50 pages de la fin pour aller lire autre chose. J'aurais peut être dû lire les critiques mitigées du roman avant et me lancer dans "Julian" comme je voulais en premier. Tant pis, ce sera pour une autre fois.


Dim Déc 20, 2020 8:39 pm
Profil
Herbette à l'ouest
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Lun Sep 11, 2006 4:36 pm
Messages: 1305
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
DoctorBenway a écrit:
Image

De Haruki Murakami, je n'avais lu que "La Ballade de L'impossible" dont je ne garde aucun souvenirs (à part que ça parlait d'une chanson des Beatles et que c'était chiant à mourir). Puisqu'on ne cesse de me le vendre comme un auteur super poétique, j'ai essayé son roman le plus connu : la réputation de l'auteur me dépasse totalement.
Il fait se farcir déjà 150 pages extrêmement chiante et lourde avec un ado de 15 ans qui s'enfuie de chez lui pour échapper à une malédiction œdipienne, trouve refuge dans une bibliothèque tenu par un hermaphrodite. Et un vieillard devenu trouvé après un incident avec sa classe étant enfant, qui sait parler aux chats et tenté de retrouver les matous perdus.
Ensuite il se passe vaguement quelque chose quand le vieux doit tuer un mec qui décapite les chats pour récupérer leurs âmes et en faire une flûte.
Puis c'est le néant total à nouveau. Il est question d'une pierre et du colonel Sanders à un moment. Tout ça baigne dans un gros n'importe quoi censé être décalé et poétique, Murakami étale ses connaissances à la truelle, balance des scènes de sexe incongrues, j'ai eu l'impression de lire un truc écrit par un gamin de 14 ans. Comment tu peux être un auteur aussi réputé avec une écriture aussi faiblarde, je ne saurais l'expliquer. C'était un calvaire à lire et on ne m'y reprendra plus.



+1. C'est le seul que j'ai lu. C'était pénible. Plus jamais.

_________________
Image


Ven Déc 25, 2020 8:02 am
Profil
Critters

Inscription: Lun Oct 05, 2020 6:28 am
Messages: 457
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Le professeur Challenger est le deuxième grand personnage de Conan Doyle, qui l'a utilisé dans 2 romans, 2 nouvelles et une histoire au format situé entre les deux (80 pages). L'intérêt est assez inégal, Le monde perdu étant le premier roman et le meilleur, Au pays des brumes étant le dernier (pas le dernier publié mais le dernier dans l'histoire des personnages écrits par l'auteur) et le pire - le livre m'est tombé des mains plusieurs fois, parfois après seulement 3 ou 4 pages lues.

Image

Le professeur Challenger est un scientifique génial, au-dessus des autres, persuadé de l'être et donc souvent méprisant (ce qui lui fait un point commun avec Sherlock Holmes) ; il veut que sa supériorité soit reconnue de tous (ce qui n'est pas le cas de Sherlock) et se montre souvent violent, verbalement mais aussi physiquement, lorsqu'on conteste ses points de vue. Quelques rares personnes arrivent à le supporter et seront donc des personnages récurrents de ses histoires : le journaliste Malone, avec lequel la première rencontre finira d'ailleurs par une bagarre ; un chasseur aventurier, Lord Roxton ; et un autre scientifique, Summerlee. Ainsi que son épouse, douce et gentille qui tente (avec un succès très mesuré) de tempérer ses crises de colère. Challenger est persuadé que des animaux préhistoriques existent encore et veut donc monter une expédition en Amérique du sud où il pense pouvoir prouver ses dires. On va donc suivre l'expédition jusqu'au monde perdu puis dans celui-ci. Le roman offre une aventure réussie, avec son lot de rebondissements et de scènes tendues, que ce soit avec les bestioles, en raison des disputes entre les aventuriers (notamment Challenger et Summerlee) ou suite à la rencontre avec des êtres humains primitifs.
La fin est rigolote, notamment grâce à Malone qui était parti parce que sa fiancée lui reprochait une existence trop plan-plan et qui, à son retour, la trouve mariée à un clerc de notaire falot.

La ceinture empoisonnée repose sur un postulat bizarre (mais ça sera pire avec Quand la Terre hurla) puisque la Terre traverse une ceinture d'ether qui va tuer tout le monde. Challenger, ses amis et sa femme survivent un moment grâce à des bouteilles d'oxygène. L'ambiance de fin du monde observée par un petit groupe est intéressante mais la résolution est trop facile.

Dans Quand la Terre hurla, Challenger est persuadé que la Terre est un organisme vivant et s'efforce de creuser très profondément pour l'atteindre et la faire réagir - ce qui arrive de façon spectaculaire. Vu les travaux engagés, ça montre au passage que Challenger a pas mal d'argent. C'est bizarre mais la réaction de la Terre "blessée" à la fin est rendue de façon impressionnante.

La machine à désintégrer est moins ambitieuse et rappelle un peu Sherlock Holmes par certains aspects (humour, relation entre Malone et Challenger qui rappelle Watson et Holmes, tentation de se faire justice soi-même) : Malone et Challenger se rendent chez un savant fou qui a inventé une machine à désintégrer (et qui peut aussi recréer ce qui a été désintégré) et compte la vendre au plus offrant (en l'occurrence, l'URSS). Les expériences sont assez amusantes (notamment quand le savant recrée Challenger en l'ayant débarrassé de sa pilosité, ce qui le met dans une colère noire) ou touchantes (quand Challenger se met en colère quand Malone est désintégré). La fin est d'une éthique discutable mais d'un humour british appréciable.

Enfin vient Au pays des brumes. Qui est moins un roman du professeur Challenger (lequel apparaît d'ailleurs surtout vers la fin) qu'une apologie du spiritisme, devenu la marotte de l'auteur depuis la première guerre mondiale - d'après sa biographie en fin de volume, il était président d'une société de spiritisme et a fait plusieurs voyages dans le monde pour le promouvoir. Alors, il y a bien 2-3 moments rigolos (quand, lors d'une séance, un médium dit que, dans l'au-delà, les couples ne seront pas forcément les mêmes que sur Terre et qu'un participant s'en réjouit bruyamment ; ou lorsqu'un médium se fait envoyer en prison par un juge qui détourne la loi pour cela, à la grande indignation des protagonistes) ou marquants (des enfants maltraités par leur père et leur belle-mère qui, par ailleurs, ne croient évidemment pas au spiritisme).

Mais dans l'ensemble, c'est chiant. Notamment parce que Conan Doyle adopte régulièrement un ton professoral pour dire que le spiritisme est la science de l'avenir, pour montrer que les phénomènes paranormaux sont réels, avec des règles scientifiques et qu'il faut être de mauvaise foi pour le nier. D'ailleurs, Malone et Enid Chalenger, la fille du professeur, qui partaient sceptiques mais sans hostilité, se convertissent rapidement - contrairement au terrible professeur.

Ce ton professoral est de base assez pénible dans un roman à thèse lorsqu'il est utilisé pour des thèmes sérieux. Il est insupportable lorsque c'est pour des âneries comme le spiritisme, l'essentiel du roman étant une suite de séances et de blablas au sujet de cette "science" et de son rejet par les méchants sceptiques. Il ne s'y passe pas grand chose d'autre, jusqu'à la fin lorsque les spirites tentent de (et finalement réussissent à) convaincre le professeur Challenger.

Plus accessoire, une autre bizarrerie du roman est Enid, la fille du professeur Challenger. Elle doit avoir une bonne vingtaine d'années et était absente des livres précédents - y compris de La ceinture empoisonnée : or, si elle était née à ce moment-là, Challenger aurait forcément voulu l'avoir à ses côtés pour leurs derniers instants. Ce qui laisserait donc supposer qu'une grosse vingtaine d'années se serait écoulée depuis les premières histoires. Ca semble peu probable, d'autant plus que ça créerait un gros écart d'âge assez bizarre (et qui n'est pas explicite dans Au pays des brumes, ne serait-ce que pour dire qu'il n'est pas un obstacle à l'amour) entre Malone et Enid qui se marient - dans une cérémonie spiritiste, bien sûr - à la fin du volume.

Il me reste encore une grosse moitié du volume à lire, composé de romans et de nouvelles a priori sans rapports entre eux.


Jeu Déc 31, 2020 6:50 pm
Profil
Critters

Inscription: Lun Oct 05, 2020 6:28 am
Messages: 457
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Fin de la lecture du pavé de Conan Doyle (+ relecture de quelques nouvelles de Sherlock). On a 2 courts romans d'une centaine de pages et différents recueils de nouvelles, souvent sur des aspects fantastiques. On retrouve du spiritisme, heureusement de façon moins lourdingue que dans Au pays des brumes. Ainsi que des aventures qui font penser à celles du professeur Challenger : par exemple, dans Le monde perdu sous la mer, des explorateurs sont piégés dans l'Atlantide, engloutie et devenue cité sous-marine et, dans L'horreur en plein ciel, un aviateur découvre de gigantesques oiseaux en altitude ; ces explorations rappellent Le monde perdu.

Les nouvelles et romans offrent une certaine diversité, entre aventures, intrigues et horreurs. Comme dans Sherlock Holmes avec Watson comme narrateur, les histoires commencent souvent avec une petite adresse au lecteur, dans laquelle le narrateur explique que ce qu'il raconte est absolument authentique, ce qui a le mérite de l'impliquer dans l'histoire. On retrouve quelques thèmes récurrents, comme les voyages en mer qui se finissent souvent mal (Déposition de J. Habakuk Jephson) ou l'Egypte, antique ou récente, qui attire souvent Conan Doyle, avec des histoires de momies et de magie. Après Challenger et Holmes, on a également un troisième personnage récurrent, avec le terrible pirate Sharkey, qui apparaît dans 4 nouvelles - dont les deux dernières sont incompatibles puisqu'elles présentent sa fin de deux façons horribles mais différentes.

On trouve aussi un certain sens du grotesque dans la chute de certaines histoires, qui semblaient devoir mal finir, comme dans Un pirate de la terre ou dans La petite boîte carrée, nouvelle dans laquelle Conan Doyle fait croire à un attentat terroriste irlandais pour aboutir à une fin complètement différente qui fait rire le lecteur aux dépens du narrateur.

Les histoires sentent bien leur époque, avec un mélange bizarre de racisme et d'antiracisme, de philo et d'antisémitisme. En fait, c'est une ambiance très "fardeau de l'homme blanc" : il y a à la fois de la sympathie pour les "races inférieures", une critique de l'esclavage et du racisme violent (Les 5 pépins d'orange s'attaque au KKK ; La figure jaune montre une femme qui craint que son mari ne la quitte en apprenant qu'elle avait une fille noire d'un précédent mariage et, une fois celle-ci découverte, le mari la prend dans ses bras et l'embrasse, à la grande satisfaction de Watson) mais aussi la certitude qu'il faut apporter la civilisation et que les Occidentaux, et en particulier les Anglais, sont particulièrement bien placés pour ça. C'est particulièrement net dans La tragédie du "Korosko" : des touristes occidentaux (britanniques, américains et français) sont capturés par des bandits musulmans et Conan Doyle vante (notamment contre le Français, qui critique la présence britannique en Egypte mais s'offusque quand son interlocuteur fait la comparaison avec l'Algérie) le désintéressement de l'empire britannique, qui perd de l'argent en étant présent en Egypte malgré lui (et alors qu'il avait demandé, sans résultat, l'aide des autres pays européens) et est là par pur altruisme, sans rien y gagner. A côté de ça, le roman est cependant très réussi, avec de l'humour (souvent au détriment du Français, mais celui-ci a aussi des moments de gloire), de nombreux rebondissements et quelques moments poignants.
C'est un peu pareil pour l'antisémitisme : on retrouve souvent des stéréotypes, notamment sur l'argent ; mais, dans Au pays des brumes, une femme juive est la seule à intervenir pour protéger des enfants de parents qui les battaient.

Au final et en recontextualisant l'oeuvre, les romans et nouvelles de Sir Arthur Conan Doyle se révèlent globalement agréables à lire, avec une narration et un humour réussis et prenants, quand il n'abuse pas de la propagande spiritiste.


Mar Fév 02, 2021 6:15 am
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Pourquoi, alors que j'ai déjà pas mal de trucs à lire au rayon SF, je décide de me lancer dans un nouveau truc? Je ne me rappelle même plus comment je suis tombé sur l'auteur et son cycle des inhibiteurs. Force est de constater qu'après Christopher Priest, Orson Scott Card ou Robert Charles Wilson, ma nouvelle tentative de trouver un truc intéressant au rayon SF récent (c'est à dire hormis les grands auteurs du genre) se solde par une déception et qu'on m'a encore bien survendu le truc.

"L'Espace de la Révélation" adopte une structure classique de trois storylines séparées qui vont finir par se rejoindre : d'un côté Dan Sylveste, célèbre archéologue qui tente de percer le mystère de la disparition des Amarantins, une civilisation ayant existé avant l'espèce humaine et dont l'extinction semble liée à un être appelé "le voleur de soleil"; de l'autre, Khouri, une tueuse contactée par la mystérieuse Demoiselle pour retrouver et assassiner Dan Sylveste. Pour ça, elle devra rejoindre l'équipage du Spleen de l'Infini, dont l'équipage cherche aussi Dan Sylveste, ou plutôt son père, devenu entre temps une version dématérialisée de lui même, tout ça dans le but de sauver leur capitaine atteint d'une sorte de virus techo-organique qui provoque une croissance anarchique de n'importe quel élément technologique.

Avant de devenir auteur et de publier son premier roman en 2000 (celui-ci donc), Alastair Reynolds est titulaire d'un doctorat en astronomie et enseigne aux Pays-Bas et travaille pour L'Agence Spatiale Européenne, sur des nouvelles optiques pour les télescopes. Et c'est peut être ce qui explique pourquoi son roman est aussi chiant. C'est une œuvre de scientifique et pas de romancier. Reynolds développe des concepts qui semblent intéressants mais peine souvent à les expliquer correctement, ce qui fait que la plupart du temps on a bien du mal à se représenter ce qu'il décrit.
Et puis surtout, le roman (qui fait près de 900 pages quand même) traîne en longueur, il y a beaucoup d'intrigues secondaires qui ne servent pas à grand chose et qui pourrait être supprimées sans que ça ne nuise à la compréhension globale ou à l'intrigue principale (on peut au moins couper la moitié du roman). Et encore, quand ce n'est pas tout bonnement des éléments qui sont oubliés en cours de route. L'auteur a aussi du mal à créer une vraie personnalité à ses personnages, qui peinent à se distinguer les uns des autres, pas aidés par une écriture assez faiblarde, dans les dialogues notamment. Il se repose bien trop sur des twists, qu'il ménage trop en retardant la délivrance d'information, pour aboutir à un final pas inintéressant mais loin d'être aussi complexe qu'il ne voudrait le faire croire : c'est un peu le syndrome de tout ça pour ça et d'une intrigue simple racontée de façon compliquée.


Dim Sep 26, 2021 10:53 pm
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Mer Oct 14, 2020 11:50 am
Messages: 561
Message the last man in europe...
Malgré le CV du bonhomme je dois probablement être le dernier à ne pas l'avoir encore lu ....

Image

... alors que bon, si j'en juge par la toute 1ère phrase,
Citation:
J'ai ouvert les yeux pour voir le rat pisser dans mon mug.

... je devrais passer un bon moment qui ne manquera pas de m'rappeler que les 2 furoncles que j'ai sous la bite sont mes couilles. 8)

_________________
Image


Lun Nov 01, 2021 2:48 pm
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
L'adaptation de Dune au ciné m'a donné envie de (re)lire la suite.

Image

Le mal aimé de la saga. Il faut dire que quand on a apprécié le premier tome, celui-ci vous cueille à froid et se révèle un peu difficile à appréhender. Parce qu'il en est le parfait négatif. La où Dune restait quand même un bouquin facile d'accès (malgré quelques concepts un peu complexe au début mais auxquels on finissait assez vite à s'adapter), sorte de Lawrence d'Arabie SF, celui ci est assez avare en action, très court (300 pages)et bourré de réflexion et de monologues sur la solitude du pouvoir.

12 ans ont passé depuis que Paul a vaincu les Harkonnens et fait tomber l'empereur. Lui et ses hordes de fremens font régner la terreur dans tout l'empire, conquérant des planètes dans la violence et le sang. Paul n'en tire aucune satisfaction personnelle mais il n'a pas le choix, il est piégé par son don de prescience et tous les autres avenirs alternatifs sont pires. Pour échapper à cette spirale de violence et de déterminisme, il devra peut être sacrifier ce qu'il a de plus cher. Et son monopole sur l'épice attise les complots : dans l'ombre, le Bene Gesserit, la Guilde Spatiale et Irulan la fille de l'empereur, font appel à de nouveaux venus pour tenter de faire tomber l'empereur Paul Muad'dib.

En fait, ce qui fait de ce tome le plus mal aimé de la saga, c'est surtout qu'il opère un retournement par rapport à la situation présentée au lecteur dans le roman précédent : Paul n'est plus le héros qu'on nous a vendu, il est devenu une sorte de tyrant tandis que les Fremens que l'ont prenait pour de valeureux guerriers libérateurs sont en fait des fanatiques. Et malgré la présence de ce complot qui constitué une intrigue plus "ludique", plus terre à terre, plus premier degré, avec la présence du nouvelle race très intrigante en la personne des danseurs-visages du Bene Tleilax, caméléons retors qui ressuscitent les morts pour tenter d'abaisser la garde de Paul par les sentiments, Le Messie de Dune est un roman froid, triste, un huis clos intimiste, introspectif, qui propose des pistes de réflexion intéressantes mais pâtit de son manque d'action et d'une écriture parfois un peu absconse dans ses dialogues.


Ven Déc 03, 2021 8:09 pm
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Lun Oct 19, 2020 10:50 pm
Messages: 504
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Ça m'a aussi donné envie mais comme je suis capable de tout reprendre depuis le début, je n'ai pas osé me lancer. Ce que tu décris est un peu le problème général de Dune finalement : les romans sont quand même assez particuliers à lire, et certains tomes sont bien moins faciles d'accès. Si on compare à la vulgarisation dont était capable Asimov par exemple, c'est le jour et la nuit. Ça n'en reste pas moins la Bible de la SF à mes yeux, une saga marquante qui m'a passionné lors de toutes mes lectures et relectures.

Par contre, je n'ai jamais vraiment osé lire tous les bouquins du fiston en collaboration avec Anderson, même s'ils sont tous dans la bibliothèque (je crois que je n'ai même pas lu la moitié de ma bibliothèque).


Sam Déc 04, 2021 12:16 am
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Lun Mar 11, 2019 9:31 pm
Messages: 548
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Idem, je me suis relancé dans la sage Dune et là ou l'ai adoré Dune et le Messie de Dune, j'avoue que je commence à caler avec les Enfants de Dune que je lis en attendant de redécouvrir le fameux Empereur-Dieu de Dune et... je pense m'arrêter là. Pas envie de m’ingurgiter le reste.
Le Messie de Dune est génial. Cette déconstruction du mythe du Messie sur fond de complot galactique avec la fin qu'on connaît et le renoncement de Paul, en glissement subtil de Dune et son final pétaradant. Vraiment top.
:)

_________________
Image


Mar Déc 14, 2021 10:06 am
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Il faudra un jour que je me penche sur les raisons qui font que je suis incapable de commencer l'exploration de l'œuvre d'un auteur par ses romans les plus connus.
J'avais découvert Robert Charles Wilson un peu par hasard, en naviguant dans la section SF de Rakuten (ex Price Minister) à la recherche de trucs nouveaux à lire (enfin, par "nouveau", comprenez des trucs que je ne connaissais pas, pas des trucs récents forcément). Le premier roman de l'auteur à avoir attiré mon attention fût Julian. Son titre d'abord, sa couverture ensuite, puis le résumé. C'est pourquoi en toute logique, j'ai commencé par lire Darwinia (parce que quitte à faire n'importe quoi, autant le faire à fond).
Darwinia ne m'a pas laissé un grand souvenir. Roman d'aventure plus que de SF, je me rappelle surtout que je m'étais fait chier.
Julian est lui aussi un roman d'aventure plus de SF. Mais la comparaison s'arrête là : là où Darwinia réjouait les découvertes des premiers explorateurs sur une terre inconnue, Julian va plutôt chercher son inspiration chez Mark Twain.

L'intrigue prend place dans un futur lointain, au XXIIe siècle, alors qu'une grave crise à ramener le monde plusieurs siècles en arrière. L'auteur ne rentre pas vraiment dans les détails (et c'est dommage) mais on comprends qu'il y a eu la fin du pétrole + une baisse de la natalité (plus ou moins lié)... Bon, tout ça est assez simpliste, on ne peut pas dire d'ailleurs que le roman brille par sa complexité. Bref, on est revenu aux chevaux pour se déplacer et la société s'organise selon une structure plus ou moins féodale (là encore, tout ça est décrit de façon sommaire, ça sert juste de décor). C'est dans ce contexte que le roman décrit la vie de Julian Comstock, neveu du président en place, un tyran qui a fait tué son propre frère pour accéder au pouvoir (le père de Julian donc) et qui est bien décider à éliminer la dernière menace qui pèserait sur son trône. C'est ainsi que Julian est désormais exilé dans un petit village, histoire de mettre de la distance avec son oncle. Il est protégé par Sam Godwin, sorte de maître d'arme qui fait office de pere d'adoption, et s'est lié d'amitié avec Adam Hazard, un fils de prolo devenu comme un frère. C'est d'ailleurs lui, aspirant écrivain, qui narre la biographie de son ami et leurs aventures à tous les trois, de leur fuite du village à l'accession au pouvoir de Julian puis sa chute, en passant par leur enrôlement dans la guerre contre les forces Mittleeuropéennes dirigées par les Pays-Bas (et c'est là qu'on voit que Robert Charles Wilson ne connait rien à l'Europe).

L'aspect SF est donc réduit à un simple décorum, et il est encore plus réduit puisque l'action se déroule dans un futur qui ressemble au XIXe siècle. Une fainéantise qui ne s'arrête pas là : en racontent les exploits de son personnage principal à travers un narrateur extérieur, Julian devient presque un personnage secondaire parfois.
On ne peut pas dire qu'il se passe grand chose d'excitant tout au long de ces 600 pages, qui ne manquent pas de remplissage. On s'attendait au portrait de l'ascension d'un héros, on se retrouve avec un groupe d'adolescents qui vivent des aventures sympa mais loin d'être passionnantes. Leur passage dans l'armée (et leur retour ensuite dans la même armée) prend bien trop de place et l'ensemble manque vraiment d'événements marquants. Les personnages manquent aussi de substance et on peine vraiment à s'intéresser à leur sort. J'attendais une sorte de western du futur, je me retrouve avec un roman d'aventure pour ado, pas désagréable à lire, qui se lit d'ailleurs assez vite de par sa relative simplicité, mais sûrement pas un truc dont je me souviendrai longtemps.
Je tenterai Spin d'ici quelques temps, son roman le plus connu (avant 2024 avec de la chance) et si celui ci est tout aussi moyen, je n'irais pas plus loin dans l'œuvre de l'auteur canadien.


Jeu Nov 24, 2022 9:34 pm
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Alors que le duo derrière l'adaptation de GoT planche sur l'adaptation en série télé, il était temps que je me penche sur "Le Problème à Trois Corps", best seller de SF chinoise, récompensé par un prix Hugo.
Et ma foi, c'était probablement l'un des trucs les plus sympas que j'ai pu lire en matière de SF récente. En fait, le roman est très malin parce qu'il s'appuie sur un concept ludique et très efficace : celui de la simulation. Il y a même avant cela un autre concept, un peu plus mineur et qui fonctionne sur un mode plus mystérieux : des savants voient apparaître devant leurs yeux un compte à rebours... sans savoir bien sûr ce qu'il y aura à la fin du décompte.
Mais là simulation est vraiment un concept malin parce qu'elle fonctionne sous forme d'énigme : plongé dans un monde possédant 3 soleil, les joueurs incarnent des personnages historiques et se retrouvent propulsé à différentes périodes de l'histoire de la Chine pour résoudre le dit "problème à 3 corps" : ce monde et ses 3 soleils passe par 3 phases, un climat tempéré, une période glaciaire et une autre de fournaise invivable. L'enjeu étant de réussir à prédir les cycles et à y trouver une solution. Le tout se situe durant la révolution culturelle chinoise et apporte un background à la fois géopolitique, historique et dramatique qui permettent d'enrober les concepts scientifiques posés par Liu Cixin.
Parce que c'est peut être le seul défaut du bouquin : l'auteur est un ingénieur à la base et ça se sent un peu. L'écriture n'est pas forcément hyper solide, ni très fluide et clairement, ce sont les concepts scientifiques qui sont plus intéressant que les personnages. Et disons que parfois, il intègre ses concepts, ses theories, un peu au forceps.
Mais sinon, ça se lit bien, c'est très prenant et assez original.


Dim Mar 26, 2023 6:29 pm
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
La Forêt Sombre de Liu Cixin

Image

Je ne sais pas trop quoi penser de ce second tome. Je ne sais pas si c'est une prise de risque couillue qui donne un roman de facto pas très accessible et pas très sexy mais techniquement pointu. Ou bien si c'est un roman raté dans une saga qui n'avais plus rien d'intéressant à raconter après le premier tome.
"Le Problème à Trois Corps" était un roman malin, reposant sur un concept ludique qui permettait de rendre accessible la hard science de Liu Cixin. Le tout était enrobé dans un contexte politique et historique qui apportait un souffle dramatique et de l'épaisseur à des personnages par forcément hyper bien écrit. C'était pas le plus grand roman de SF que j'avais lu mais c'était en tout cas frais et ça se dévorait.
"La Forêt Sombre" repose lui aussi essentiellement sur un concept. Enfin, plusieurs concepts : un gros qui traverse l'intégralité du roman et plusieurs autres de taille plus modeste. Cette fois, l'idée principale s'appelle "le projet Colmateur".

L'humanité sait que la flotte trisolarienne est en route pour la Terre. Et qu'elle n'est pas animée d'intention pacifiste. Les intellectrons envoyés par les ennemis bloquent tout progrès scientifique majeur et la Terre doit donc se débrouiller comme elle peut pour échafauder une stratégie de défense. Elle désigne donc 4 personnalités, 4 personnages iconoclastes, intellectuels, scientifiques et politiques, capable de penser en dehors des sentiers battus et d'élaborer un plan. Toute la subtilité du projet étant que le plan de chacun doit rester secret, puisque l'ennemi possède des espions partout. Il faut donc cacher le plan dans un autre plan. Et la désignation de l'un des colmateur interpelle : Luo Ji n'est personne. C'est un quidam inconnu du grand public et lui même ne sait pas pourquoi il a été choisi. On refuse de lui expliquer. Luo Ji fera donc office en quelque sorte de personnage central. Il y en aura d'autres, notamment un autre, Zhang Behai, un soldat, qui aura son importance dans l'histoire mais son rôle sera plus limité et il disparaîtra avant la fin.

Mais Liu Cixin a toujours du mal avec la caractérisation de ses personnages et abuse des "concepts". Ainsi, en guise d'introduction au personnages, on a droit à un long passage nous racontant comment Luo Ji est tombé amoureux d'une fille imaginaire qui est devenu bien réelle dans son esprit, fille dont il retrouvera le sosie parfait grace aux ressources mises à se disposition pour son travail de colmateur. Une histoire un peu longuette qui n'a pas grand intérêt dans l'intrigue principale du roman et qui ne constitue rien d'autre qu'une tentative (ratée) de la part de l'auteur de donner de l'épaisseur à son personnage. Si on finit plus ou moins par s'attacher à lui par la force des choses (et grâce au retour de Shi Qiang, aka Da Shi, le flic que l'on suivait dans le premier tome), l'écriture des personnages est toujours laborieuse chez Liu Cixin et l'ensemble des personnages est globalement anecdotique.

La première moitié du roman présente donc les plans des 4 colmateurs et la contre attaque de l'ennemi : la désignation d'un fissureur pour chaque colmateur, dont la mission est de percer à jour le plan secret de chacun et de le contrer. Même si Liu Cixin tente de noyer le poisson, cette première partie (qui couvre en gros la moitié du roman) est assez balisée : chaque colmateur élabore son plan, chacun different dans son approche mais tous voués à l'échec. L'un imagine une flotte kamikaze, l'autre s'oriente vers une politique de la terre brûlée et le dernier inventé une sorte de lavage de cerveau destiné à inculquer l'idée de victoire dans le coeur des militaires pour contrer le défaitisme. Pendant ce temps, Luo Ji se la coule douce avec sa femme et sa fille... jusqu'à ce que celles ci lui soient enlevé pour le forcer à prendre son rôle au sérieux. Il crée alors une malédiction qu'il lance vers les étoiles avant d'entrer en hibernation, touché par un mystérieux virus.
Cette première partie se résume donc à une grosse question : quelles sont les solutions les plus grandiloquentes qu'on pourrait imaginer face à une future invasion extraterrestres? L'occasion pour Liu Cixin d'enchainer une série d'idées charmantes mais qui ne vont pas plus loin que ça. Et c'est bien là le souci, c'est presque le résumé du roman : des idées sympas mais qui ont du mal à constituer une continuité ou une vraie intrigue à proprement parler.

Puis on fait un bond d'un siècle et demi en avant. Luo Ji sort d'hibernation et découvre un monde bien différent. Et au départ, le charme de ce saut dans le futur agit. Il y a quelque chose d'assez frais, d'assez original dans ce monde sous-terrain organisé en arbres... et puis pour la première fois, on a l'impression que Liu Cixin se lâche, qu'il dévie de sa route toute tracée, on a l'impression de lire une vraie fiction de SF. Sauf que très vite, le naturel reprend le dessus et l'auteur retombe dans ses travers. Voilà que le roman s'organise à nouveau autour de micro concepts qui ne feront pas long feu. Luo Ji est victime d'une série d'accident qui se révèlent être les conséquences d'un virus informatique lancé avant son hibernation et ciblant uniquement sa personne. Cette fois encore, l'idée est sympa mais sa seule fonction est de faire retourner Luo Ji à la surface, dans l'ancien monde, moins technologique.
Puis on aura droit à la fin actée du programme colmateur : il en restait deux en vie et leurs projets se révèlent être des échecs. Le projet d'implantation de la victoire chez les troupes militaires se révèle être un mirage avec la trahison d'un proche qui aurait totalement dévoyé le projet et créé une sorte de cinquième colonne évasioniste : il y aurait possiblement au sein de la flotte des agents doubles auxquels on aurait implanté l'idée de la défaite et de la fuite. Finalement, après une enquête minutieuse, il s'avère qu'il n'y a aucun danger. Fin de l'idée.
Le projet de malédiction de Luo Ji n'a rien donné. Fin officielle du projet colmateur... enfin en apparence.

En attendant un rebondissement sur ce sujet, il faudra supporter une looooongue séquence de bataille spatiale contre une sonde qui n'en sera pas une. Bon, on l'avait vu venir de loin mais le problème, c'est vraiment que le passage s'éternise beaucoup trop et qu'à un moment, on a juste envie de passer à autre chose.
Le sort des survivants et la fuite du reste de la flotte sera suspendue encore une fois à un concept un peu philosophique et tout ça se terminera un peu en eau de boudin et finira par sombrer dans les abîmes de l'oubli : on n'y reviendra plus du reste du roman et on ne saura pas ce qu'il advient de ceux qui restent (mais il n'est pas impossible que Liu Cixin déterre cet élément pour le prochaine tôme).
Et puis, soudainement, on revient au projet colmateur qu'on pensait mort et enterré. En fait, l'idée de Luo Ji a fonctionné, sa malédiction lancé vers une étoile lointaine a détruit l'étoile. C'est à ce moment que le titre du roman prend enfin sens, dans une théorie très intelligente et passionnante qui se veut une réponse au Paradoxe de Fermi. Sauf qu'on est déjà à la 700e page sur un roman qui en compte un tout petit peu plus de 730, autant dire quasiment à la fin.

Et le final semble vraiment rushé. Tout à coup, la résolution à la crise (pas plus conne qu'une autre) tombe comme un cheveux sur la soupe et donne une impression de facilité. Mais dans le même temps, Liu Cixin reste fidèle à lui même, anti-spectaculaire, plus scientifique que romancier. Est ce que le final est malin ou raté? Est ce que le roman est courageux ou à côté de la plaque? Est ce que c'est une prise de risque qu'il faut saluer ou bien un tome qui ne raconte pas grand chose dans l'intrigue commencé avec le tome d'avant, dans une trilogie qui aurait mieux fait de s'en tenir à un seul roman? Tout dépend de si vous préférez voir le verre à moitié plein ou à moitié vide.


Dim Avr 30, 2023 9:09 pm
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Drôle de concept que ce Minuit 2. Déjà parce qu'il n'existe ni Minuit 1, ni Minuit 3 mais que le tome d'après se nomme Minuit 4. Pour comprendre ce découpage français, il faut se reporter au tome orignal US, gros pavé de plus de 1000 pages intitulé "Four Past Midnight" et qui regroupe 4 novellas de King. La novellas c'est un concept bien américain qui désigne un court roman ou une longue nouvelle (il faudra m'expliquer la différence entre les deux). Sauf que, dans le cas de King qui a tendance à pondre des gros pavés plein de vide, j'ai presque envie de dire qu'un récit de 350 pages, c'est une taille très honorable et moi j'appelle ça un roman tout court : ça n'a pas besoin de faire 800 pages (surtout si c'est pour faire la moitié de remplissage).

On commence donc par "Les Langoliers", un récit déjà connu pour avoir été porté à l'écran dans une mini-série/téléfilms par ABC. On est quasiment dans du "Stephen King pour les nuls" avec des personnages enfermés dans un lieu clos et affrontant une menace inconnue à l'extérieur (avec l'inévitable présence d'un élément perturbateur à l'intérieur). Au départ, le pitch est plutôt sympa : des passagers d'un avion se réveillent pour s'apercevoir que la plupart des autres passagers ont disparus et que le paysage autour a disparu. Sauf que très vite, l'écriture pataude de King gâché cet agréable postulat. Les personnages sont simplistes et pas très intéressants, les dialogues mauvais et le trop grand nombre de personnages nuit à l'ensemble. C'est d'ailleurs une règle d'or pour moi en écriture : ne pas travailler avec plus de 4/5 personnages principaux, parce qu'il faut réussir à conférer une identité propre et distincte à chacun et à leur donner un temps de présence à peu près égale (ce que King échoue à faire). Même sur 350 pages seulement, l'intrigue traîne en longueur et l'écriture de King est d'une lourdeur vraiment problématique.

Notre bon vieux Stephen s'embrouille aussi dans ses explications et choisit la mauvaise direction : en prenant la route de la SF, King donne des explications fumeuses dans un registre qu'il ne maîtrise pas (être fan de Star Trek ne suffit pas).

Plus convaincant, "Vue Imprenable Sur Jardin Secret" est le dernier volet d'un triptyque sur le travail de l'écrivain avec "La Part des Ténèbres" et "Misery". Moins fantastique, plutôt récit à suspens, l'histoire met aux prises Mort Rainey, écrivain à succès, accusé de plagiat par un sombre individu qui va commencer à le harceler. Une intrigue simple et efficace, bien mieux écrite, qui ne se perd pas (trop) en conjectures et qui tient en haleine jusqu'à la fin, jusqu'à un twist plutôt sympa et pas trop prévisible et qui utilise une pirouette pas encore passée de mode à l'époque. J'irais même jusqu'à dire que c'est l'un des trucs les plus solides que King ait écrit.


Mer Mai 31, 2023 4:43 pm
Profil
Critters

Inscription: Lun Oct 05, 2020 6:28 am
Messages: 457
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Un court (une grosse centaine de pages) roman épistolaire de Jane Austen. Je n'avais pas trop accroché à Orgueil et préjugés, son oeuvre la plus célèbre. Mais j'ai adoré Lady Susan : le personnage éponyme est une jeune (et récente) veuve, peu aisée financièrement mais qui aime s'amuser (l'aspect sexuel n'est pas aussi développé que dans Les liaisons dangereuses mais Lady Susan a quand même un amant... et en recherche un autre) et avoir de l'argent et qui n'aura aucun scrupule pour arriver à ses fins. On suit donc, au travers de ses lettres à son amie et de lettres de ceux dont elle croise le chemin (essentiellement la femme de son beau-frère, Mme Vernon), toutes ses manipulations (dont sont notamment victimes Frederica, sa fille qu'elle maltraite et veut marier de force, et Reginald de Courcy, un jeune homme sur lequel elle a jeté son dévolu) et son point de vue sur la situation et son évolution.

Lady Susan ressemble à un mix entre la comtesse de Merteuil et Milady. Autant dire que c'est une redoutable manipulatrice, dont les plans ne sont pas aisés à déjouer et qui, même lorsque cela arrive, parvient à retomber sur ses pattes grâce à un culot énorme et à une absence totale de sens moral. Cela rend la lecture très drôle mais aussi très prenante tant on a envie de savoir comment elle va procéder et ce qu'il va advenir des personnes qu'elle rencontre. Jane Austen alterne très bien entre les passages prenants et l'humour dû au cynisme effarant (notamment pour les autres personnages au sens moral classique plus prononcé) et délectable de son personnage principal, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas à la lecture de ce roman, mon seul regret étant qu'il se finisse trop vite - même si le format court fait aussi partie de son charme.


Ven Juin 09, 2023 4:19 am
Profil
Leprechaun
Avatar de l’utilisateur

Inscription: Jeu Oct 08, 2020 6:52 pm
Messages: 651
Message Re: Vous lisez quoi en ce moment ?
Image

Sympathique polar façon Sherlock Holmes dans l'Inde coloniale. Au départ, on peut être un peu déçu par le classicisme du roman, les personnages sont un peu basiques et clichés : le capitaine Wyndham, flic intègre sans peur, son jeune acolyte indien Banerjee et Digby, l'autre collègue anglais un peu raciste. Tout commence par la mort d'un notable anglais retrouvé avec un message au fond de la gorge... on a vu plus original comme point de départ.
Mais très vite, c'est aussi ce classicisme qui fait le charme du roman : on finit assez vite par aimer les personnages et le contexte dépaysant permet à l'histoire de se démarquer, d'autant plus que l'auteur connait bien ce pays et cette époque et qu'au milieu d'une enquête qui avance tranquillement mais sûrement, il y insère des considérations géopolitiques qui complexifient l'intrigue sans perdre de vue l'aspect polar.
C'est un roman assez facile à lire, simple dans l'écriture mais pas simpliste et qui fonctionne bien, la révélation finale sur l'identité du meurtrier est d'ailleurs une vraie surprise, preuve que l'auteur à bien réussi son coup (même si on pourra reprocher à la conclusion d'être un peu rapide).
Une sympathique découverte, qui me fera acheter les prochains tomes des enquêtes de l'inspecteur Wyndham.


Lun Juil 24, 2023 8:33 pm
Profil
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Répondre au sujet   [ 58 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher:
Aller à:  
cron
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group.
Designed by STSoftware for PTF.
Traduction par: phpBB-fr.com