LES LOUPS-GAROUS DE THIERCELIEUX ÉPISODE 5 : QUE DES NUMÉROS DIX DANS MA TEAM...Une odeur de poils brulés s'était copieusement installée dans la caravane de Dove, mais aucune trace du producteur.
Le soleil avait estompé la nuit depuis un bon moment, et les montres affichaient dix heures du matin. Aujourd'hui, les artistes allaient devoir répéter leur tour de chant et certains d'entre-eux avaient même déjà commencé. Tandis que Priscilla se dandinait sur scène comme sortie d'un film interdit aux mineurs sous l'œil béat de Kamel, des techniciens et de la plupart des mâles présents prés du podium à cet instant précis, Benoit émergeait de sa loge, l'œil torve, le cheveu hirsute et de la bave séchée au coin des lèvres (du moins, espérons qu'il ne s'agissait que de bave !), visiblement encore sous l'effet d'une nuit agitée. Il avait fait sa fête à la taupe et avait l'intention de trouver une nouvelle petite paire de fesses poilues à honorer (ou humilier selon les points de vue). Il furetait en peignoir à l'effigie de Daffy Duck dans les rangées entre les caravanes, à guetter un potentiel postérieur à envahir.
Rachel Cohen, l'assistance de Dove Attia le cherchait partout. Pas dans sa loge, pas sur scène à mater Priscilla, pas en train de s'en prendre à un quelconque stagiaire ni à filer des coups de Berlutti au malheureux coincé sous le costume de René...nulle part ! Cette petite coincée en tailleur strict issue de la bourgeoisie de Tel-Aviv essayait de gérer la situation comme elle le pouvait. Car sans le grand manitou, les choses pouvaient bien vite déraper...ce qui fut rapidement le cas lorsque Magalie vociféra le nom du lycanthrope ex-juré de
"la nouvelle Star" en frappant contre la porte de son bureau.
-Dooooove ! Doooooooooooooooooooooooooooooooove ! La porte céda sous les coups de poings boudinés de l'inoubliable interprète de...de quoi déjà ?!
-Monsieur Attia n'est actuellement pas disponible. Je vous prierai de passer par moi si vous souhaitez la moindr....
La pauvre assistante n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'elle pris un aller-simple pour un poubelle située une petite dizaine de mètres plus loin et se réveilla au bout de quelques secondes recouvertes de préservatifs usagers Reso Gay qui fleuraient bon les substances corporelles du dernier gagnant en date de
Secret Story. D'un pas aussi élancé que celui du héros d'un Kaiju de la Toho, Magalie s'avança vers Rachel Cohen et lui fit de l'ombre lorsqu'elle se tint devant elle, les bras repliés sur ses poignets d'amour (quoi qu'à ce stade, on aurait plus facilement parlé de barres de maintien de métro que de simples poignets) et l'air méchant, ce qui n'était sur ce point pas vraiment une nouveauté :
-Il est où, Dove ? demanda-t-elle d'une voix de dragon. L'assistante qui venait de faire un vol plané proposé gratuitement par Magalie suite à un malheureux geste de colère se mit alors à pleurer toutes les larmes que son corps meurtri lui permis de laisser couler. Soudain, le GSM de cette dernière se mit à sonner et les guillerettes petites notes composées par Vladimir Cosma pour
"Les aventures de Rabbi Jacob" raisonnèrent autour de l'endroit. Rachel décrocha en reniflant ses pleurs puis tandis prestement et sans broncher l'appareil à Magalie.
Celle-ci eut du mal à se saisir du téléphone qui était de petite taille à cause de ses doigts plus épais que des fricadelles King size et l'un de ses fans/adorateurs/valets se précipita sur le mobile et lui dirigea directement à l'oreille :
-Allo ?! Aaaaaaah ! Dove ! Jutement je te cherchais ! Dis-moi, il y a des choses qui vont pas dans cette tournée. Je suis pas sûre que j'aurai droit à ma serviette chaude quand je sors de scène ! -C'est pas une serviette qui lui faudrait à l'aut' baleine, c'est une putain de couette ! Marmonna Benoit en ricanant alors que l'assistante de Dove semblait rassurée que son patron ait donné signe de vie. Elle tenta de s'extirper de son manteau de détritus lorsqu'une colombe vint se poser délicatement sur le couvercle d'une poubelle renversée, fixant Rachel du regard. Soudain, Remy se tint devant elle, l'air déterminé. Il lui tendit la main et l'aida à se relever avec une brutalité presque excitante s'il n'était pas un vieux tout rabougri. Leur jetant à tous les deux un regard méprisant, Magalie poursuivit sa conversation avec Dove, du moins avec celui qu'elle croyait être Dove puisqu'il était mort et évaporé, tout en trottinant vers sa loge, son loufiat porte-mobile à ses côtés. Bricka murmura à l'oreille de l'assistante :
-Ne jamais battre en retraite, ne jamais se rendre ! Rachel ne sut pas trop quoi lui répondre et s'empressa de décamper bien vite, à la suite de Magalie qui lui avait pris son téléphone et soucieuse de savoir où se trouvait Dove à l'instant même.
Allongée sur un transat, Eve lisait "Le nouvel économiste" dans son édition danoise (moins langue de bois), le nez chaussé de lunettes et une bonne pipe au coin des lèvres. Elle ne parvenait pratiquement plus à faire semblant d'être bête et avait donc décidé de mener sa nouvelle vie sous le regard des autres. Un article de Jonas Finledder sur les nouveaux barèmes de liaison des consortium organisationnels de gestion et d'indexations patrimoniales attira son attention et elle profita d'avoir sa montre-calculatrice à son poignet pour recalculer les dits-barèmes en fonction de la grille tarifaire en vigueur. Elle s'étonna de la grimpée en flèches des flux lorsque Priscilla revint de sa séance de répétition. Elle jeta un œil à droite ainsi qu'à gauche et ne vit personne. Elle sortit alors de son sac un pot de Nutella (le petit, le 250 grammes, qui est nettement plus discret) et une cuillère qu'elle enfonça délicatement dans la pâte chocolatée, les papilles frémissantes, avant de l'en extirper et de la porter à sa bouche dans un
"Mmmmmm" quasi-orgasmique au moment où les deux entrèrent en contact. C'est en rouvrant les yeux qu'elle vit qu'Eve, cachée sous un parasol Casanis, s'était vaguement attardée sur elle avant de reprendre la lecture de son journal. Priscilla , qui pensait toujours que personne n'était au courant de son petit problème de boulimie, crut bon de s'asseoir à ses côtés pour esquisser une conversation :
-Qu'est ce c'est que tu lis ? demanda-t-elle à Eve qui n'avait certes pas l'intention de se laisser distraire.
-Je suis en train de partager un moment de solitude à but d'instruction avec moi-même. Je te saurai gré de ne pas perturber l'équilibre ô combien précaire de ma quiétude. lui répondit la jeune femme. Priscilla la regarda les yeux écarquillés, son cerveau (ou plutôt ce qui s'apparentait à un cerveau) tentant de rassembler les mots et de les mettre dans un ordre qui lui conviendrait mieux. La tentative de Priscilla de se rapprocher de Eve semblait avoir échoué. Elle lui demanda néanmoins de ne pas dire aux autres qu'elle l'avait vu manger du Nutella , et l'ex-candidate de "La ferme des célébrités" acquiesça.
Entre-temps, Vendetta et M s'étaient emparés du podium, le premier mixant des morceaux du second qui les interprétait tout en gesticulant comme un beau diable. En plein milieu d'un morceau, Vendetta s'interrompit soudainement et demanda à Pokora s'il aimait les Pepito, ce à quoi le chanteur répondit par l'affirmative :
-Ben carrément ! Surtout ceux au chocolat blanc !
-Comme dans le Galak ? lui demanda le DJ.
-Trop fort le Galak ! Renchérit M avant de se précipiter vers son nouvel ami pour un gimme five d'anthologie, sous l'œil atterré de Kamel qui leva un important nombre de fois les yeux au ciel, soit à chaque réplique navrante issue de l'un ou l'autre des adolescents attardés qu'il avait devant lui.
-Bon les gars ! Je voudrais pas vous pousser mais y'en a qui attendent pour répéter. Vu que votre petit numéro à l'air bien rôdé, oust ! leur lança-t-il tout de go. Entendant le dernier mot, les duettistes s'en moquèrent copieusement, targuant que seuls les homosexuels l'employaient (en fait, ils ont dit :
"Wouah ! La honte ! C'est les pédés qui disent Oust !").
Sabrina monta sur scène et gronda les deux garçons en italien mais ceux-ci n'avaient d'yeux que pour son décolleté proéminent. Fâchée, elle quitta le podium et se dirigea d'un pas ferme et décidé vers le carré des artistes.
Elle passa devant Eve et Priscilla sans même leur accorder un regard, bouscula Benoit qui cherchait à nouer un lacet sur une tong et s'en retourna dans sa caravane en claquant la porte.
Rembarré par Magalie Vaé, ce pauvre Booba errait sur le site de Dance Machine avec la ferme intention selon ses propres termes
"de tâter du p'tit cul". Il tenait impérativement à éviter Lord Kossity qui lui-même était sur le point d'aller embêter l'italienne lorsqu'elle s'était retirée dans sa loge et donc plus en état d'accepter la moindre tentative de drague. Ce n'est pas tant qu'il voulait à tout prix ajouter Sabrina à son palmarès mais c'est surtout que cette dernière avait emmené avec elle sa petite chatte Kitty et Lord était tombé en pâmoison devant l'adorable petite féline à truffe rose. Il se décida à aller tirer les oreilles de Pokora et Vendetta qui lui avaient donc ruiné son plan bien huilé.
Kossity se dirigea vers la scène et se retrouva nez-à-nez avec Booba. Les deux rappeurs ne purent réprimer leur stupeur. Ils se jaugèrent quelques secondes et Lord pris la parole :
-Alors Negro, tu cherches ta mère ?-Nan, j'cherche la tienne bâtard ! Booba s'étonna de sa réponse instinctive. Kossity aussi. Comme on avait dit pas le mères, ce dernier se crut obligé de devoir rendre la monnaie de sa pièce à son supposé ennemi :
-De quoi tu parles de ma reum, toi ?!! Ma reum c'est ma reum d'abord Negro !
-Moi j'parle de ta reum parce que toi tu parles d'la mienne, t'as vu ?!
Leur discussion sur les mamans de chacun dura un petit moment sans qu'aucun des deux ne porte le premier coup. Finalement, Kossity lâcha l'affaire lorsqu'il vit un gros matou de campagne traverser le dessous de scène. Ses instincts les plus primaires refaisant surface, il se contenta d'un
"Ouais vas-y c'est bon, t'as vu !" et d'un magnifique doigt tendu à Booba qui se sentit tout de suite plus léger car dire qu'il craignait le combat n'était pas vain. Kossity décampa à la poursuite du chat bien gras tandis que Priscilla passait dans le coin. Booba vit ici une bonne occasion de mettre à profit ses talents d'orateur misogyne et bas de plafond :
-Alors, p'tit cul ! ça te dirait pas cousine de venir frétiller sur le bout de ma teub ?
-Dans tes rêves, Kaffir ! lui répondit sans peine la petite blonde boulotte. Booba esquissa un sourire dégouté et la regarda le snober avec passion. Il crut bon d'ajouter :
-Allez ! A oualp la chanteuse !-
Tu crois pas si bien dire, se murmura Priscilla à elle-même avant de se retourner vers le rappeur tout en marchant et de mimer un vilain geste avec ses doigts : vous savez, celui avec les deux doigts en forme de rond et l'annulaire de l'autre main qu'on fait mine d'entrer et de sortir du cercle.
Booba se retrouva bien dépourvu tout seul prés du podium. Tout le monde semblait se ficher de lui et la seule fille qu'il avait bien pu lever (façon de parler) était Magalie Vaé. De dépit, il donna un violent coup de pied contre une grosse structure verticale. L'onde de choc parvint jusqu'à un gros projecteur très mal vissé par un stagiaire très mal payé qui se détacha aussi sec. Ainsi, le rappeur libidineux même pas renoi même pas rabza passa de vis à trépas, illustrant à quelques nuances prés un classique de Dalida puisqu'il mourut prés de la scène et sous un projecteur, illustrant à merveille la plage numéro six de son premier album solo.
(A suivre.)
Avec cinq voix contre lui, Booba a rejoint le paradis des artistes maudits trop tôt disparus. C'était certes un grand amateurs de belles lunes, mais certainement pas de pleine lune car pas de lycanthropie galopante chez notre rappeur de Meudon. Chers amis, vous avez encore eu le nez creux en éliminant le petit ourson.
Les loups-garous vont s'en donner à coeur joie dans le sixième épisode ! Tremblez mortels !
Résultat des votes : Jesse Custer : cinq voix.
Diane : trois voix.
Jeffbyos : une voix.
Altaz : une voix.
Itineris : une voix.
http://www.youtube.com/watch?v=7yg7UmF9g5s