J'ouvre un topic pour ce qui a été la meilleure surprise de 2019, je parle de Evil.
En apparence, la série repose sur un canevas déjà éprouvé et pas super original : un trio composé d'un prêtre, d'un expert en technologie et d'une psychologue enquête sur des phénomènes surnaturels. Tiens, nous revoilà donc revenu dans les 90's? Pas vraiment.
Parce que ce serait oublier qui se cache derrière cette série. En l'occurrence les époux King, à qui l'on doit l'excellente The Good Wife et la très courte mais tout aussi sympa Braindead. L'horreur et le fantastique ne semble pas vraiment leur truc. Et c'est peut être que pour ça que Evil est une réussite.

Car Evil n'est pas une énième série fantastique. Elle se révèle bien plus maligne que ça. D'abord en refusant de trancher sur l'existence réelle ou pas du surnaturel, laissant toujours une place au doute. Et en maniant l'humour avec beaucoup d'intelligence.
La première partie de la saison reste assez classique dans sa structure, même si Michael Emmerson a l'occasion de prouver une nouvelle fois l'étendue de son talent d'acteur dans le rôle d'un psychiatre particulièrement retors, qui se pose comme une sorte d'antagoniste principal.

C'est vraiment dans sa seconde partie que la série développe des réflexions assez intéressante sur l'existence réelle du Mal (avec majuscule et sans), en se demandant si le Diable existe bel et bien ou s'il s'agit juste de délires de sociopathes pour justifier leurs actes, tout en introduisant un fil rouge sous la forme d'une conspiration.
La série parvient très vite à trouver une identité qui lui est propre, un ton, un équilibre pas si simple que ça à gérer, toujours à cheval, usant d'un humour qui n'en cache pas moins parfois une bonne dose de noirceur, jonglant entre les affaires dont le trio s'occupe et la vie intime de ses protagonistes (la vie de famille de Kristen avec ses 4 filles n'est pas sans rappeler Medium), affichant parfois des idées qui frôlent le ridicule (le démon George ou la représentation du Malin) sans jamais y tomber, parvenant de bout en bout à conserver ce mélange parfois un peu improbable mais qui fonctionne jusqu'au bout.

La seconde saison vient de débuter et reprend les mêmes ingrédients, donnant encore un peu plus de place pour faire le show à Michael Emmerson (pas sans rappeler sa prestation dans le rôle de Ben dans Lost) et s'amuse des figures emblématiques du bestiaire fantastique.

Si c'est aussi savoureux que Brain Dead, j'achète !

1x02

Je ne vais pas encore prononcer d'avis définitif sur la saison au bout de 2 épisodes mais elle me semble un poil plus ambitieuse. Ce qui est intéressant c'est que derrière une structure assez simple reprenant celle de séries fantastique, il y a plusieurs niveaux de lecture et c'est là toute la richesse de l'écriture des époux King.
Et derrière l'humour, il y a aussi une grosse charge anti-religion, Kristen pointant du doigt les contradictions de la religion catholique, notamment les prétendues valeurs de paix pour un Dieu qui ne cesse d'user de la violence, mais qui la justifie toujours en expliquant qu'elle est utilisée envers des gens mauvais. Ici, un pauvre quidam pense être possédée par un archange; il est poussé à faire des bonnes actions mais elles mettent en péril son foyer familial, jusqu'à ce que son comportement devienne inquiétant tendance despotique. Il y a presque une critique du fanatisme religieux, une volonté de pousser l'absurdité de la philosophie chrétienne jusqu'au bout.
Mais dans le même temps, elle ridiculise le Mal : Leland Townsend était plus ou moins machiavélique au début de la précédente saison mais il y a une volonté ici de le rendre pathétique. La série s'amuse des principes inhérents à la religion pour les tourner en ridicule avec un ton toujours en équilibre qui n'appartient qu'à elle.

(La série fera un break fin juillet pour revenir à la rentrée : la pause hivernale en plein été )
(Et elle est renouvelée pour une 3e saison)

Un grand merci pour cette découverte. C'est un peu la série idéale pour ressuscitter une trilogie du samedi de qualité. Pas trop extrême, sympathique dans ses qualités comme ces défauts et plutôt prenante.

Mon avis à chaud...

Kristen Bouchard est psychologue clinicienne experte pour le district attorney de New-York. Lors d’une affaire, elle rencontre le séminariste David Acosta qui lui propose de rejoindre son groupe d’enquêteurs peu banals qui frayent avec le Vatican. Son rôle serait de jouer la personne sceptique, dans le cadre d’enquêtes sur des événements relevant potentiellement du religieux. Mise au pied du mur financièrement, elle accepte la proposition. Elle découvrira, avec Acosta et leur scientifique contractant, Ben, que le flirt entre le religieux et l’époque moderne mène à des desseins très dangereux.

Il n’y a rien de bien attrayant dans la formule proposée par Evil. Les groupes d’enquêteurs paranormaux pullulent sur le petit écran depuis X Files. Ils se renouvellent constamment sur la forme (found footage, pseudo-documentaire, utilisant les écrans partagés etc…), mais très peu sur le fond. Le succès au cinéma des Conjuring, qui glamorisent à l’extrême les escrocs Warren, et d’une poignée de séries noires de qualité diverse (la meilleure étant The Outsider) laissent voir que le besoin de croire au surnaturel, voire au religieux, est revenu en force, et qu’il ne peut plus passer que par la disqualification de la science. C’est là qu’arrive la touche Robert & Michelle King, showrunners de la très bonne The Good Wife et de la surprenante mais trop courte Brain Dead. Dans cette dernière création qui mettait en scène des aliens semant la zizanie entre les démocrates et les républicains pour le contrôle du monde à l’aube de l’ère Trump, l’enjeu de l’héroïne était de créer un dialogue entre les deux camps pour empêcher l’inévitable. Suivant un schéma similaire, Evil se pose comme une sorte de pont entre le camp de la science/psychologie et celui des catholiques (et de la religion au sens large) pour déjouer un mal qui joue de leur division. Les extraterrestres belliqueux sont ici remplacés par une alliance de démons qui utilisent les technologies pour propager le mal et dont on ne saura jamais définitivement s’ils en sont de véritables.

Les époux King ne jugent pas la religion et ne remettent jamais définitivement en cause l’opinion du séminariste. En choisissant d’adopter le point de vue de l’empiriste Kristen, ils optent plus pour une prise en compte de la croyance au surnaturel comme une donnée existante, qui peut être manipulée, au même titre que les sciences. Leur réussite est de multiplier les intrigues à la Scooby-Doo tout en maintenant habilement le spectateur dans l’attente qu’un événement surnaturel réel se révèle. En mixant l’imagerie religieuse classique (des démons qui font très démons), la psycho-pathologie et une dose de conspiration, Evil paie son tribut à la série Millenium (de Chris Carter), tout en restant dans le terrain du divertissement familial fait pour frissonner gentiment au coin du feu. La noirceur est là, mais elle est constamment compensée par le sang-froid de l’héroïne, mère de famille modèle et au mental solide , synthèse du personnage de Laurie (Mary Elizabeth Winstead) dans Brain Dead et de celui d’Allison Dubois (Patricia Arquette) dans Medium. A l’instar de cette dernière, la vie familiale et les quatre filles de Kristen occupent un rôle central dans l’intrigue, qui semble devenir de plus en plus prépondérant. Pour relever encore la sauce, Evil offre un ennemi très savoureux interprété par l’inquiétant Michael Emerson (Lost, Person of Interest).

Et comme on enlève pas le politique des époux King, les sujets de société ancrent bien la série dans le réel. On y parle de deepfake, d’influenceurs, de conditionnement, d’inquiétantes ritournelles dissimulant des messages subliminaux (Brain Dead en avant aussi une, avec la chanson des klaxons). Bref, de tous ces nouveaux outils mis au service des puissants qui flouteront toujours plus la vérité et donneront toujours plus de matière aux Scooby Gang du futur. Même si elle n’est parfois pas dénuée de facilités (la vision du psychopathe et du mal est monolithique) et d’heureuses coincidences (le toutéliage des derniers épisodes), Evil apporte beaucoup de fraicheur en exposant avec décontraction autant les contradictions de la religion que les limites d’une science qui se fige, dans un temps où les technologies peuvent manipuler toujours plus le besoin de croire en quelque chose de plus grand. Alors que la série a fait son entrée dans la case tardive de TF1 en mai dernier (avec disponibilité sur Salto), la saison 2 est actuellement en cours de diffusion sur CBS aux Etats-Unis et une saison 3 est d’ors et déjà dans les cartons.

Vos 2 avis m'ont conavincu de tenter st'affaire. J'ai maté les 2 premiers hier soir.
J'ai bien aimé : Les scènes avec Georges, ainsi que Georges lui-même. Et pis c'est tout.
J'ai pas aimé : une photo trop léchée, une pendulation entre psycho/techno/démonologie/scientisme complètement désamorcée par, au choix, un montage déséquilibré, une interprétation sans charisme, des caractérisations superficielles, un effeuillage des thèmes trop timide...

2 zodes ne sont pas suffisants pour juger donc j'vais enchainer histoire de voir, mais j'espère que ça va gagner en interprétation et en enjeu, paske depuis X-files on sait que le format de loners ne peut servir d'excuses valables aux défauts sus-cités.

J'y vais mais j'ai pas peur !


Edit :

Zode 3, c'est mieux.
Zode 4, c'est re-mou en plus de retomber dans ses 1ers travers.
#5, hamé c'est déjà mieux là, nan ?!
#6, alors là oui, là c'est de suite bien plus cool; les enjeux grimpent en flèche selon Richter.
#7, bon ok, c'était qu'un feu de paille, Zzzz... zzz...
#8, -- automatic pilote engaged --
#9, ma foi le bob reprend enfin un peu d'vitesse...
#10, final season, et bah voilà, c'était pas compliqué, du rythme, du nerf, du développement, du vice... là c'est un grand Oui.

Un double pilote catastrophique, une légère mise en place qui s'éternise jusqu'à une 2nde moitié nettement plus concernée même si encore imparfaite avec une tendance à alterner le chaud et le froid. Le double final se bonifie pour donner le meilleur de ce que la série propose. Même la photo a gagné en froideur.
La parenté avec X-files dépasse les thématiques. Au-delà de certains cadrages iconiques, l'interprétation devient minimaliste devant le surnaturel, comme son illustre ainé, mais se pare d'humanité lors des à-côtés du récit avec ± de réussite à la clé. Mais n'étant pas Diane je n'irais pas plus loin dans l'affirmation et la comparaison.
J'apprécie effectivement les raccords avec nos techno-quotidiens, ainsi que la volonté de laisser à chaque spectateur le soin de trancher entre (méta-)science et forces occultes, même si je pense que la réponse est claire dans la tête des King.

Pas sûr de continuer ni de n'pas voir mon peu de curiosité s'estomper totalement d'ici à la disponibilité complète de la 2nde saison.

2x05

Oui, il y a bien du changement cette saison. Oh, il n'est pas énorme, la série a gardé son ADN, il est très subtil. Ici, une étrange histoire de zombie débouche sur une critique sociale et la série fait le parallèle entre le mort-vivant et les travailleurs en usine. C'est une direction que la série n'aurait pas prise en première saison, dans laquelle elle était plus premier degré. Je trouve vraiment que le ton a changé cette saison sans qu'il y ait une rupture brutale, le ton se veut plus ironique.
En contrepartie, le fil rouge développé dans la seconde partie de saison précédente est un peu laissé de côté mais c'est au profit d'autre chose.

Ok, j'demande pas à être transporté dans les étoiles comme le jour de mon 1er slow gagnant, mais ton retex me conforte ds l'idée que j'aurai même pas droit à un p'tit ride sympatoche. Je lâche l'affaire ici.

Ça dépend de ce que tu attends de la série. Effectivement, si tu cherches un truc plus premier degré, un ride horrifique/fantastique, tu peux lâcher l'affaire, cette première moitié de seconde saison ne va pas dans ce sens.

2x06

Hmmm, curieux épisode. Je vois à peu près ce qu'ils ont voulu faire mais c'est maladroit. Une histoire de racisme dans la police, qui embraie sur une possible histoire de possession puis sur retour du fil rouge avec la hiérarchie des démons, et puis finalement non, ce sera un truc qui ne mènera nul part, un gang au sein de la police, qui débouche sur une morale amenée de façon assez simpliste : des flics, y'en a des bons et des moins bons. L'épisode est assez brouillon et mélange un peu tout et n'importe quoi.

2x07