La Famille Addams de Barry Sonnenfeld
Re-re-revisionnage, et ça se revoit toujours avec un certain plaisir. L'esprit des dessins de Charles Addams et surtout de la série TV sont respectés, avec en sus un scénario sympa qui laisse la place à chacun des personnages et un casting de haute volée. Pour ne rien gâcher, Sonnenfeld garde, lors de quelques moments bien trouvé, un peu de la folie qui était la sienne lorsqu'il officiait en tant que chef-op, et qu'il perdra dans ses films suivants. Bref, même au-delà de la nostalgie, ça reste tout à fait recommandable.

L'Année Dernière à Marienbad d'Alain Resnais
Bon, le gros film phare annonciateur de la Nouvelle Vague, et de l'approche cinématographique du Nouveau Roman... Et c'est raccord à cet intitulé: Boursouflé.
Okay, l'idée de déconstruire la narration, le concept même de narrativité pour créer quelque chose d'autre, de plus sensitif, fonctionne, mais on a compris l'idée au bout de d'un quart d'heure, et le film ne respecte même pas ça en amorçant des bouts de récit qui ne vont pas bien loin, mais qui constitue, pour le spectateur, quelque chose auquel se raccrocher pour appréhender ce truc. Parce que oui, le film ne cesse de voir nous désorienter en nous répétant les mêmes choses, en nous montrant différentes versions de mêmes choses, et en nous montrant des personnages figés, perdus autant que nous face à ça, et semblant aussi se faisant chier autant que nous dans ce bel mais hermétique environnement. Si Resnais y travaille une atmosphère onirique qu'il paufinera au travers de ses films suivants ( Providence ou Je T'Aime Je T'Aime sont parmi les films qui ont le mieux rendu les rêves au cinéma à mon sens), la fascination fait ici très vite place à l'ennui, malgré quelques effets réussis qui, par moment, réveillent un peu l'intérêt.

La Revanche de Frankenstein de Terence Fisher
Suite direct du premier Franky de la Hammer, Frankenstein s'est Echappé, avec la dream team Terence Fisher derrière la caméra, Peter Cushing devant, mais pas de Christopher Lee. Le film a fait un bide à l'époque, et on comprend un peu pourquoi. Ca reste trop sage tant sur le plan esthétique (en dehors d'un bras coupé et de quelques cerveaux dans des bocaux) que dans le portrait qui est fait du docteur Frankenstein, pas assez savant fou (bon, okay, il ampute quand même des médiants gratos pour se faire de la pièce détachée...). Mais ce que le racolage du film d'exploitation y perd, on y gagne en côté méta, on retrouve presque un peu de la vibe du roman de Shelley dans la créature incarnée par Michael Gwynn, et le mini-twist final est bien cool dans sa réappropriation de la confusion entre le savant et sa créature : Frankenstein, c'est le monstre, pour de bon.

Encanto: La Fantastique Famille Madrigal de Byron Howard, Jared Buch et Charise Castro Smith
Ca m'a pas mal fait penser au précédent Vaiana. Déjà parce qu'on est dans le même cycle « intégration culturelle », le monde sud-américain remplaçant la culture polynésienne, et qu'on a une jeune femme partant dans une quête en rapport avec son héritage qui, se faisant, se découvre elle-même (schéma über-classique). Avec en plus une dimension «enpowerment féminin» un peu trop forcé. Bon, c'est toujours super visuellement, plein de gags sympas, et c'est mignon, mais c'est aussi plein de trop de chansons, et surtout le film se tire une balle dans le pied. Parce qu'en illustrant le poids des conventions et du rôle donné, les obligations que nous imposent le moindre pouvoir, le film aurait pu être une ode à la normalité joyeuse, ça nous aurait changé un peu. Il aurait pu être un film qui remet à plat la logique des princesses Disney vouée à avoir un destin exceptionnel (parce que oui, Mirabel est une princesse : C'est la fille d'une famille puissante vivant dans une grande maison dominant un village d'anonymes qui les admirent et les adorent), mais non. La fin du film est certes un happy-end, mais est aussi un retour au status-quo (et donc à la logique féodale de ce village). Ben ouais, Disney veut bien faire du simili-wokisme à base de visibilité, mais pour la lutte des classes, c'est pas encore ça.

Jungle de Greg McLean
Le gars McLean continue son bonhomme de chemin, semblant vouloir s'essayer, film après film, à tout ce que le cinéma de genre peut avoir de niches. Et si il avait un peu lorgné sur le survival avec le premier Wolf Creek, il plonge cette fois en plein dedans, et en adaptant (avec apparemment une belle fidélité aux événements) une histoire vraie.Et comme d'hab avec lui, ça n'est pas super original (on est pleinement dans le survival: un mec qui, pour survivre dans un territoire hostile, doit piocher en lui-même, retrouver des instincts primaires, aller au-delà de son humanité), mais c'est carré, honnête, avec une certaine radicalité dans le récit, et sans truc de petit malin prétendant révolutionner le genre. Et puis Daniel Radcliffe nous fait une Christian Bale pour l'occasion, et certain choix de casting transpire d'une envie de casser son image Harry Potter, ici ça marche.

La Cible dans l'Oeil de Paolo Cavara
Drôle de film. Jouant sur l'idée d'un pamphlet dénonçant la tendance du ciné italien de l'époque pour le Mondo (Documentaire ultra-racoleur et en grande partie bidon), Cavara nous fait suivre un réalisateur de ce genre de film, nous montrant comment il travaille, comment il bidonne ses séquences, et comment il est manipulateur, cynique, voyeur et complaisant. Le problème, c'est qu'afin de nous faire suivre ce drôle de gugusse, Cavara lui met dans les pattes une demoiselle qu'il a pu draguer durant une de ses mise en scène, demoiselle qui s'accroche à lui malgré tous les reproches qu'elle lui fait, et malgré le fait que le mec est par-dessus de marché un misogyne de première (et c'est marrant, parce que le gars est joué par Philippe Leroy, acteur que je connais surtout pour son rôle de mâle alpha qui se fait remettre à sa place dans Femina Ridens). Bref, c'est un peu paradoxal, autant que le film lui-même se la joue lui aussi faux reportage sensationnaliste, et plein d'un moralisme lourd dont étaient aussi coutumiers les Mondo Movies...

Little Cesar de Mervyn LeRoy
voir topic film noir, en soutien à Vendetta.

The Mist de Frank Darabont
Bon, Darabont adaptant King, c'est un peu une valeur sûre, un combo gagnant. Ca assure d'un truc carré, respectant l'esprit de l'oeuvre originale, distrayant, émouvant et tout. Sauf que là, il y a un truc qui cloche: Ca se tape par moments de sales airs de Direct-to-Video (Au-delà de la présence de Thomas Jane et de sa non-carrière. Il est pas trop mal, ici): Le grain de l'image, les sfx numériques qui sont assez laids, et même le filmage de Darabont, puisqu'on a parfois l'impression d'une caméra qui ne sait pas où se mettre.
Je veux bien croire que ça sert à rendre palpable le chaos ambiant à l'image (il a engagé les caméraman de The Shield pour avoir ce rendu «saisi sur le vif»), mais au final, ça jure un peu. Bref, des défauts purement formels, parce que le fond est, lui, impec : Comme dans tout bon huis-clos, les pires penchants se révèlent, et à ce titre le film est d'une noirceur totale, désespéré, et ce n'est jamais contrebalancé par un truc gentillet, jusqu'à un final dont l'ironie glaçante est un coup de grâce. Certes, montrer des monstres pour montrer la monstruosité de l'homme, ce n'est pas un concept nouveau, mais rarement ça n'a été aussi radical. Et King de nous prouver qu'il a décidément le chic pour donner vie aux personnages les plus détestables.
On peut même voir ça comme un prémice de The Walking Dead, où de la même façon, les zomblards ne sont que du bonus quand on voit la capacité des humains à se tirer dans les pattes et se foutre en l'air tout seuls...

28 semaines plus tard de Juan Carlo Fresnadillo

Suite de 28 jours plus tard, pas forcément attendue mais surfant sur la hype, et qui s'en sort pas trop mal. Bien sur, 16 ans après, on en aura vu passé des films de zomblards, mais à l'époque le shock-value était là.
Honnêtement, malgré des qualités formelles et un casting de fou (Robert Carlyle, Rose Byrne, Idris Elba, Jerely Renner et j'en passe), je me suis un peu ennuyé.
Entre la scène effroyable d'introduction, celle du même tonneau de la "réunion" entre Don et sa femme et la fin inévitable, il y a pas mal de trous d'air entre 2 scènes choc.
Sans compter le postulat bancal, où comment un "concierge" avec sa clef passe-partout peut tout de même accéder à un labo militaire sous haute surveillance. Idem pour la fugue des enfants invraisemblable (les sentinelles oklm qui laisse passer), où on déploie une escouade militaire pour aller les récupérer en zone interdite avec les risques potentielles que ça comprend.
Bref, film qui souffre de la comparaison avec son ainé de 4 ans, mais réalisé proprement avec pas mal d'idées et une vraie personnalité.


4/6

Au sujet de la série 28 bidules plus tard, je vous recommande vivement la lecture du comics, qui voit l'héroïne du premier partir en expédition avec une équipe de scientifiques en zone infectée.


Masterpiece.


EDIT: dans the myst il y a même quelques acteurs de walking dead, dont Jeffrey de Munn qu'on avait déjà vu dans le blob, une autre prod' horrifique estimable de Darabont.Melissa Mc Bride et Laurie Holden sont de la partie également.

Darabont aimait bien fidéliser ses acteurs.

28 semaines plus tard, la première fois au ciné c'était quelque chose.
L'intro qui te met direct dans l'ambiance bien tendue, avec ce thème musical...
Puis tout le film derrière est cool, avec des moments marquants : le napalm, l'hélico dans le stade...

Pour The Mist (avec un "i") on parlait récemment sur Facebook entre madnautes oui, très très bon film.

LES EVADES, LA LIGNE VERTE, THE MIST, que des daubes.

Darabont est à mes yeux un piètre réalisateur. Un incapable qui fait soit des films tire-jus, soit des téléfilms de luxe et encore je le cherche le luxe. Sa mise en scène est molle comme une vieille bite fripée.
Il se couvre avec la caution "Stephen King" sans parvenir à tirer la moindre chose des écrits dont il s'inspire.

C'est du mielleux, du convenu, du sans âme.

Tu n'as pas tord.

Domino de Tony Scott (2005)

Pépé Scott chie dans les draps avec ce film inepte, fatiguant, poseur, pourtant j'en avais gardé un bon souvenir je sais plus pourquoi. Peut-etre l'esthetique 90's, on se croirait dans un clip de rock alternatif parfois, ou une pub pour du gel pour les cheveux d'ados.

2/6, pour l'agitation constante bien que stérile

Alien Covenant de Ridley Scott (2017)

J'ai mis du temps à le voir face à la bronca critique mais c'est plutot chouette dans la lignée de Prometheus: des pauvres cons débarquent sur une planete hostile et font de la merde. Les aliens sont cool, bien méchants, l'androide toujours aussi fruité, le capitaine de vaisseau catho par interim lamentable enfin bref on s'éclate et on rigole.

4/6, un poil moins cool que Prometheus cependant

30 jours de nuit de David Slade (2007)

Celui la par contre il a bien vieilli, cruel, sanglant et le chef des vampires bestiaux m'a fait penser à Eric Neaulleau d'autant plus qu'il n’est pas avare en aphorismes. Et la fin est couillue. On savait encore faire des bons trucs en 2007!

5/6

Moi j'aime bien l'agitation de Domino. le scénar n'est pas à la hauteur (le sujet est pourtant cool) mais ça pousse tellement les potards en terme visuel tout en restant plutôt lisible, que c'est limite si je ne le préfère pas à Man on Fire

Esprits Rebelles de John N. Smith
Venant d'une prod Bruckheimer, je m'attendais à autre chose que ce verre d'eau tiède. Sans tomber dans le gogol façon Class of 1984, mais au moins un truc dans le genre The Substitute, ça aurait pu être marrant. Mais non : Le fait que le personnage de Pfeiffer soit censé être capable de se bastonner est vite éluder, et on tombe dans le pensum pas très finaud à base de plaisir d'apprendre, de déterminisme social et d'égalité des chances gâchée. Pas que ce soit fondamentalement faux, mais ici tout ça semblant trop facile et téléphoné, et finalement mis de côté au bénéfice d'un happy-end nul. En fait, le film n'aurait été fait que pour vendre le titre de Coolio (qu'on entend trois fois de suite dans le métrage) que ça n'aurait pas été pire.

Sans Toit ni Loi d'Agnès Varda
le cinéma de Varda est assez éclectique, mais transpire toujours de la personnalité attachante de la cinéaste : quelqu'un de simple, sensible, engagée mais sans colère vive, et qui garde toujours un petit rien de malice. Et en dépeignant le parcours d'une SDF à la façon d'un Rashômon, au travers des personnes qu'elle a rencontrer, tout cela ressort. Parce que le film montre un vrai attachement aux pauvres et aux modestes et aux oubliés (ceux avec qui Mona s'entend le mieux. C'est pas souvent que le cinéma nous dépeint avec honnêteté les sans-abris, les marginaux, les travailleurs saisonniers, ou les petits vieux dont on attend juste qu'ils claquent), fustige l'égoïsme et l'hypocrisie des autres, s'amuse à nous mettre du bout de quasi-documentaire ( le passage sur les platanes), et nous montre surtout ce que tous ça a d'à la fois tragique et banal. Et moi de devoir ajouter comme terme pour qualifier le ciné d'Agnès Varda: Humain.

Thor.

"tord" est à Moody ce que "mauviette" est à Marty Mc Fly depuis des années


Asterix et l'empire du milieu.

c'était délicieusement pourri, la déliquintessence du cinéma français qui produit des bousins à plusieurs milliers de patates, avec la fougue d'un Claude Zidi qui tenterait d'imiter l'opus d'Alain Chabat et la verve d'une pub manpower des années 80 en ce qui concerne les fights.

3/6 pour Lellouche, Katerine et Pierre Richard qui écrasent tout le casting.

(Cotillard et Cassel en roue libre valent le détour aussi)

The Killer

On était en droit de s’attendre à ce que Fincher nous ponde son Samouraï ou son Solitaire mais là j'ai surtout pensé au Piégée de Soderbergh, ce qui n'est pas honteux, juste petit.

Tellement petit que je suis limite content qu'il ne sorte pas en salle.

Honnêtement si ça n'avait pas été un projet de longue date j'y aurais vu une commande permettant à Fincher de se racheter auprès de son bienfaiteur Netflix (l'excellente série Mindhunter ayant été annulée après deux saison et le génial Mank n'ayant probablement pas tapé le top 10 comme le fait actuellement The Killer).

Ça quand même plaisir de revoir Fassbender dans un truc à peu prêt regardable (ce sabotage de carrière ), même si le truc en question est plus proche d'une partie d'Hitman avec les Smiths en fond sonore qu'à un vrai film de Fincher.

La BD est mieux/6

Hunger Games l'embrasement de Francis Lawrence (2013)

La suite est toujours un passage périlleux. Il s'agit de confirmer la réussite de la première oeuvre et de proposer quelque chose de nouveau sans décevoir les fans de la première heure. Dans le cas de "Hunger Games", l'exercice est encore un peu plus périlleux : le premier film reposait en grande partie sur un concept simple et efficace, autour duquel on brodait un vague background dystopique. Seulement voilà, Katniss et Peeta sont sortis victorieux du jeu, grâce à un stratagème malin (2 vainqueurs valent toujours mieux qu'aucun) et donc c'est compliqué de les renvoyer à nouveau combattre. C'est pourtant ce que va faire ce second volet.
Le problème principal de cette suite, c'est qu'elle est fainéante. Elle se contente de reprendre la structure du premier opus, en développant à peine l'aspect politique. On a du mal à comprendre comment la victoire des deux jeunes gens impulse une volonté de révolution dans les districts. Parce qu'ils ont pliés les règles? Ça semble un peu léger. Katniss se voit mise face à un dilemme intéressant : prendre des risques et mettre en danger sa famille pour tenter de renverser le gouvernement totalitaire ou faire sagement ce que demande le président Snow pour préserver ses proches. Tout ça cotoie des tentatives maladroites de romance qui ne s'assument pas : un triangle amoureux est esquissé mais le film ne semble pas trop savoir quoi en faire et finit par l'oublier en cours de route.
Et puis finalement, les scénaristes décident de faire dans le copier/coller : voici donc que sont annoncé de nouveau Hunger Games. Et des jeux spéciaux cette fois puisque ce sont les gagnants des jeux précédents qui vont s'affronter. Ce qui veut dire le retour de Katniss et Peeta dans l'arène. Mais attention, avec la promesse de vrais adversaires cette fois... promesse qui fera un gros flop.

Et c'est parti pour les passages obligés (et pas très utile) auxquels on a eu droit dans le précédent film : présentation des concurrents, entraînement, passage devant les juges, présentation des costumes et interview.
Sauf que cette fois, nos deux héros doivent se trouver des alliés. Donc on a quand même quelques personnages secondaires qui sont un peu plus développés. Mais ce qui change le plus par rapport à l'opus précédent, c'est que cette fois, nos combattants vont plutôt affronter des pièges que les autres concurrents... ce qui n'empêchera pas le film de sombrer dans l'ennui le plus profond. Jusqu'à une fin qui promet une suite radicalement différente mais qui n'est pas sans poser certaines questions : est ce que la révolution nécessitait forcément de passer à nouveau par un jeu de massacre?
Bref, la révolution c'est pas pour tout de suite, peut être dans le prochain.

3/6

Le suivant étant l'opus typique dit "de transition", il est à ZZZzzz, heureusement que le quatrième et dernier relève le niveau derrière.

Juge et Hors-la-Loi de John Huston
Hé ben je m'attendais à autre chose. La vie d'une authentique figure de l'Ouest (Roy Bean, bandit qui s'est auto-proclamé juge, une sorte d'Eric Dupont-Moretti à l'envers), scénarisé par John Milius et réalisé par Huston. Alors oui, on retrouve du Milius dans ce personnage qui se sait en train d'écrire sa propre légende, dans cette représentation d'un Far West comme terre de liberté que la civilisation va détruire. Et on retrouve du Huston de l'Homme qui Voulut Etre Roi dans cette dimension mythologique et aventureuse, mais aussi dans l'ironie présente dans le film. Cependant, plus qu'à du Milius ou du Huston, c'est à Mon Nom Est Personne que ce film m'a fait pensé. Parce qu'au travers de quelque rupture de ton pas toujours bienvenues, le picaresque du film tend vers le parodique, le comique burlesque, ce qui, associé à cette nostalgie du vieil Ouest, évoque le film de Valerii. Si c'est un peu surprenant pour qui s'attendait comme moi à un film épique, ça n'est pas non plus complètement déplaisant, d'autant que le cast fait le boulot, Newman semblant bien s'amuser dans ce rôle de Roy Bean, J'apprécie toujours autant de voir Roddy McDowall à l'écran, sur quand il joue des personnage un peu veule comme ici, et les jeunettes Victoria Principal et Jacqueline Bisset sont super choupies.

Mystery Train de Jim Jarmusch
Ca m'a pas mal rappelé Night On Earth, et pas seulement parce que c'est le Jarmusch que j'ai vu le plus récemment. On passe du film à sketches au film choral, mais on reste sur la même idée d'un cast international, et sur la même tonalité d'ensemble, entre mélancolie et absurde. Bon, on est ici plus sur l'absurde, et le film est plein de moment drôle: Jarmusch rend bien ce qu'il y a d'absurde dans le fait de voyager jusqu'à Memphis juste pour voir là où est passé Elvis, et l'absurdité qu'il y a là dedans pour ceux qui vivent sur place., l'absurde qu'il y a, dans le fond, à faire du tourisme. C'est en plus servi par une mise en scène soignée, vaguement planante, et surtout par un casting plein de surprise (Poutain, Screamin Jay Hawkins ! Poutain, Joe Strummer !)

J'avais ce souvenir du film quand je l'avais vu la première fois à sa sortie ou peu après mais cette seconde séance a été assez pénible.

Et puis y'a quand même un film vachement mieux dans le genre gros film de studio visuellement barré

Tueurs nés d'Oliver Stone (1994)

La critique ciné fut vraiment chafouine à la sortie de celui là: un réalisateur américain pété à la coke nous sort un film moralisateur sur la violence célébrée par les médias avec un film qui célèbre la violence! 2 heures de violence avec moults effets de manche, des passages en cartoon, en sitcom, des inserts de malade mental, des plans cadrés de travers, des visages qui se déforment, une bande son du tonnerre sélectionnée avec soin par un Trent Reznor pas encore gentrifié, un casting hystérique. La légende raconte que le pigiste des Cahiers du cinéma chargé d'aller à la projo presse est encore suivi par un psychiatre de nos jours.

Mais putain quel régal! On en prend plein la gueule! Par moments j'avais l'impression de mater un truc plus underground tellement y'a du sang partout. Plein de scènes cultes, les rednecks qui se font niquer au début sur du L7, l'émeute dans la prison avec ces gros lascars qui se croient dans un clip de Suicidal Tendencies, la blague à Toto avec une chute ou t'as Bombtrack de RATM qui pète et un maton qui s'en prend une sous le menton (DUUUUUUUUUH Ay yo, it's just another bombtrack, UUUUUUUUUUUUH!), le trip chez l'indien sur du Nusfrat Fateh Ali Khan

C'est le Easy Rider des années 90 hein voila, y'a tout ce qui nous faisait bicher à l'époque.

6/6, je pensais pas lui mettre autant avant de le revoir mais ça tue tellement

"prépare les ecstas et le champagne, Ming, j'arrive pour te mettre mon gros poireau dans le cul"(Wayne Gale)

Aujourd'hui encore, je me demande si cette fulgurante réplique est de Stone ou Tarentino

Tout pareil Zobi.

Pour moi TUEURS NES c'est du chef-d'oeuvresque.
Un trip complètement barré qui véhicule son message avec tellement de puissance que tu ne peux que capituler.
Tu ramasses parpaing dans la gueule sur parpaing dans la gueule.

A l'image d'un ORANGE MECANIQUE ou d'un SOLEIL VERT, le film de Stone s'inscrit dans la rare catégorie des métrages au discours intemporel.
Tu ne peux pas lutter avec ce qu'il te raconte. Il te dit la vérité.
Point barre.