
GODZILLA Minus One - Takashi Yamazaki (2023)
free images comLe Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre. SANS SPOILERVu hier soir en 4DIMAX au cinéma Pathé de Brumath. Salle blindée.
Passons sur le fait que l'utilisation des sièges mouvant et de la flotte dans la gueule était particulièrement indiqué pour un film avec des bateaux et un streum marin.
Honnêtement ? J'ai failli chialer à la fin du film. On tiens là le meilleur retour aux sources de Godzilla, un bijou parfait sous tous ses aspects.
Les studios Hollywoodiens devraient en prendre de la graine, surtout au niveau des histoires à hauteur d'hommes.
Godzilla Minus One ne nous offre pas du
"Drama", mais un réel drame poignant et atroce.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, le Japon chancelant, laissant ses habitants à eux mêmes, isolés, sans appui extérieur affronte une seconde menace qui balaie le peu qu'il reste du pays.
Le film tire un portrait sombre du traumatisme de la guerre vécu par les soldats et les civils, de la lâcheté, des morts, des orphelins, des rêves brisés mais toujours avec pudeur et sans grandes envolées musicales grossières.
Le héros se pète un putain de stress post-traumatique toujours exploité à bon escient, avec des crises réalistes, qui donne d'autant plus d'éclat à ses actes. Des moments à huis clos sans fioritures.
Noriko et Akiko sont le reflet horrible de la guerre où tout le monde à perdu des êtres chers, se retrouvant orphelins ou vagabonds.
A eux 3, cette pseudo-famille est dans le film systématiquement sur le fil, avec des épreuves encore plus atroces qui viennent briser ce qui reste d'espoir.
Autant vous dire que les acteurs jouent leur partition sans fausse note si on est habitué au "jeu d'acteur" nippon des Kaiju Eiga.
Même la gamine âgée d'à peine 3 ans est touchante, avec le regard vide d'une enfant orpheline qui ne connait que parents de substitution, ballotée entre précarité, famine et mort. Ses crises de larmes sont déchirantes.
La musique est toujours parfaite, en finesse, avec des chœurs profonds et apocalyptiques quand Godzilla apparaît. Rien n'est surligné au stabylo fluo mais souligné efficacement.
Idem pour la photographie et les mouvements de caméra, on retrouve les tons des films des années 60', ces couleurs légèrement désaturées qui collent parfaitement au film. Les points de vue sont multiples et bien pensés, on nous place très souvent au dessus, en dessous de la scène avec des travelings efficace pour donner du poids aux jeu des échelles de dimensions entre Godzilla et les bâtiments ou êtres humains. Rien que la courte scène du train en devient dynamique par la multiplicité des perspectives.
En ce qui concerne les SFX, se serait chipoter de dire qu'à certains moment sur les plans larges, on voit les quelques "légers" défauts d'intégration du modèle CGI en action avec le reste du décor (surtout l'eau). Une broutille et dans une seule scène au demeurant.
Godzilla ? Une force de la nature, un Titan nucléaire inarrêtable qui tente d'agrandir son territoire en piétinant le Japon. Il dévore, tue, écrase, détruit, anéanti sans état d'âme. Son regard vide ne se porte même pas sur les humains qu'il extermine. Nous sommes sur son passage, ni plus, ni moins. Son souffle atomique est une abomination, avec un résultat qui terrifie les témoins au point d'en entendre certains crier
"Ho non, ça recommence !" comme si la vision d'une explosion nucléaire les projetait de nouveau au cœur du drame de Nagasaki et Hiroshima.
La créature est bien faite, bouge bien, avec un palette de couleur qui évoluera au fil du film et de ses capacités de régénérations/ évolution que l'histoire exploite très bien.
Voir les civils et le professeur essayer de mettre au point un plan pour se débarrasser de Godzilla en tenant compte de tout ce qu'ils savent sur la bête est jouissif.
La scène finale est dantesque, géniale, avec un climax de dingue.
On aura également un petit discours politique sur le gouvernement japonais et ses décisions complètement à côté de la plaque qui ont broyés la vie de milliers de personnes au nom de "l'Honneur" ou son incapacité à s'organiser pour atténuer l'impact de la guerre.
La fin du film est également d'une pudeur et d'une sobriété a vous faire chialer. L'aboutissement du calvaire du héros et de sa lutte contre tous les fantômes qui le hantent.
La récompense à bien des souffrances.
En bref : une tuerie absolue qu'il faut voir.
6/6